Le numéro 169 de Sauvetage, magazine de la Société Nationale de Sauvetage en Mer (octobre 2024) donne un aperçu, bref mais suggestif, des méthodes de réanimation qui ont précédé les compressions thoraciques et le bouche-à-bouche que nous connaissons aujourd’hui. …

 

Une silhouette marche dans la mer, à contre-jour, au soleil couchant. La mer occupe toute l'image, les eaux sont noires et parsemées de petites bulles de couleur d'or dues à la diffraction de la lumière de la golden hour. A droite, comme une ombre, une silhouette au genre non identifiable, se découpe sur ce fond : eau à mi-mollet, coiffée d'un chapeau qui retombe sur son visage, elle porte sur son dos une bouée de sauvetage dont on devine des liens et prises d'accroche.

 

Par ordre chronologique, Jean-Patrick Marcq mentionne d’abord la suspension du noyé «par les pieds au-dessus d’un feu»: «on s’imaginait que la chaleur produite allait évaporer l’eau avalée, et la fumée faire réagir la victime». Vint ensuite la technique, attestée par Goethe lui-même [dans Faust], de placer le noyé dans un tonneau ou de l’allonger à plat ventre sur une barrique, que l’on faisait rouler en tous sens dans le but de «vider son estomac».
Au tournant des 18ème et 19ème siècles, on privilégia très sérieusement le fait d’«insuffler de la fumée de tabac par voie rectale» dans le corps des victimes. À cet effet, l’apothicaire et échevin de Paris Philippe-Nicolas Pia (1721-1799) commercialisa des «boîtes fumigatoires», dont l’usage fut bientôt recommandé par une note du ministre de l’Intérieur Joseph Fouché datée du 22 mai 1800: «introduire dans les intestins de la fumée de tabac par le fondement, en se servant de la machine fumigatoire». La note ajoutait heureusement d’autres gestes moins désagréables et plus utiles: «faire entrer l’air dans les poumons, en soufflant dans la bouche […] Chatouiller le dedans du nez et de la gorge avec la barbe d’une petite plume» pour faire vomir, etc.
À la même époque, se répandirent peu à peu les «pompes à estomac, destinées à vider l’organe de son eau», et «les mouvements externes pour reproduire les mécanismes de l’inspiration et de l’expiration» par la «manipulation des bras, , qui mobilisent en particulier les muscles pectoraux». Cette méthode s’imposa au milieu du 19ème siècle. Enfin, entre les deux guerres mondiales, on mit au point le massage cardiaque, qui a parfois le léger inconvénient de casser quelques côtes, mais qui présente le grand avantage d’être souvent plus efficace et de sauver des vies.

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Photographie d’illustration: Lee_seonghak pour Pixabay.com