Thaïs Barbe vient de présenter son projet artistique à l’École nationale du verre de Moulins. Son souhait est de «questionner les gestes de toucher et de préhension par un travail plastique sur l’empreinte corporelle [se] concentrant essentiellement sur les mains».

 

Couverture du document de l'autrice. Une grande photo d'une sculpture occupe toute la page, le titre est écrit en une ligne, à la verticale, sur le bord gauche. La sculpture: en noir et blanc sépia, une main arrive par en haut pour agripper ce qui semble un bloc d'argile, rectangulaire et droit. Mais le bloc est en réalité fait de verre. Les doigts s'enfoncent dans la matière qui déborde légèrement autour des points de pression. On voit, à travers le verre, la prise exercée par les doigts.

 

«Le verre n’étant fluide qu’à très haute température, [il] ne permet pas de contact direct et prolongé avec le corps humain» (page 5). L’empreinte corporelle se fait donc grâce à d’autres «matériaux malléables [à froid] tels que la terre, le plâtre, la cire ou l’alginate». À partir des «négatifs», en creux, «le verre à chaud peut être soufflé dans un moule fermé, donnant la forme complète et définitive d’une pièce. Il peut aussi être travaillé à la volée mais contraint par un ou plusieurs éléments moulés, impactant partiellement le verre» (page 13). On obtient ainsi des formes «positives», en relief.
Mais on peut également imprimer dans le verre chaud des moulages en relief pour obtenir sur la pièce refroidie «la formation d’empreintes corporelles ou la figuration de mains touchantes» (page 5). C’est là le point le plus original et le plus sensible du projet de Thaïs Barbe: «concevoir les négatifs comme des formes autonomes et exploitables illustre à mon sens l’idée de contact, en présentant à la fois ce qui touche et ce qui est touché*» (page 9), jusqu’à «l’impression des détails de la peau» (page 14).
Il s’agit ainsi, d’une part, d’offrir «une vue sur le contact, permettant aussi une appréciation visuelle de l’effet du toucher dans le verre, formant comme un gant vitreux» (page 24); d’autre part, de créer des «objets fonctionnels qui provoquent des sensations tactiles», dans lesquels «l’apport sculptural, positif ou négatif, serve ou questionne l’ergonomie» (page 20). La future artiste verrière conclut: «les objets de verre envisagés cherchent à provoquer la curiosité de manipulations singulières et à incarner des sensations brutes et intimes» page 26).

Au cours de son travail, Thaïs Barbe a rencontré notre site: elle reproduit notre prospectus dans ses «Annexes» et cite notre article Prière de toucher I, retour aux sources du débat. L’AFONT et son président (avec qui elle a dialogué) figurent dans ses «Remerciements». Nous lui souhaitons pleine réussite et sommes impatients de toucher ses créations.

  • Note. Dans une démarche voisine, les visiteurs ont pu être émus par l’une, l’autre ou les deux séries de mains qu’a proposées Prune Nourry: en empreintes sur métal et en reliefs sur papier, lors de l’exposition «Projet Phénix», du 4 septembre au 23 octobre 2021, à la galerie Daniel Templon de Paris. Des bustes modelés les yeux bandés à découvrir dans le noir.

Référence

Barbe, Thaïs, 2025, Une expérience tactile du verre, Diplôme national des métiers des arts et du design, Moulins, École nationale du verre.

Photographie d’illustration: Thaïs Barbe.