Dans le dossier «Comment vivaient nos ancêtres?» de Géo Histoire 81, Véronique Pierron propose une synthèse des découvertes récentes concernant «Les enfants», notamment ce qu’on peut supposer de leur éducation, même si les méthodes pédagogiques restent inaccessibles.
L’autrice rappelle qu’au 19e siècle, les premiers archéologues ont «calqué sur la préhistoire le modèle de la société masculine et patriarcale de l’époque», d’où leur absence de questionnement sur les femmes et sur les enfants. Ces derniers «mouraient souvent en bas âge. Mais ceux qui survivaient étaient initiés, très jeunes, aux différentes compétences».
Ainsi, «en 2024, dans cinq sites de l’est de la République tchèque [datant de 30 000 ans] (Predmosti, Dolni Vestonice I et II, Pavlov I et VI), des archéologues ont découvert leurs sculptures en céramique . Asymétriques. Fissurées. Dénotant ainsi une maîtrise approximative de la cuisson de l’argile. Une maladresse d’autant plus frappante qu’elle se compare à de magnifiques sculptures en ivoire et en os de la même époque, trouvées aussi dans la région et fabriquées, elles, par des adultes. Très vite, les scientifiques ont compris qu’il venaient de mettre au jour un «atelier pâte à modeler» pour enfants du Paléolithique. Pour preuve, les empreintes laissées dans l’argile appartenant à des enfants âgés de 6 à 15 ans». De leur côté, à Fontanet, dans l’Ariège, d’autres enfants de la même période «s’amusèrent à écraser des boules d’argile sur les voûtes de la grotte».
Autres disciplines enseignées
• Peinture. Dans la grotte de Las Monedas, en Cantabrie (Espagne), un «espace à hauteur d’yeux des bambins est couvert de gribouillages datés de 14 000 ans, que l’on pourrait très bien retrouver dans les cahiers d’élèves de maternelle de nos jours», comme l’ont montré des chercheurs d’une université de Liverpool». Mais l’éducation portait rapidement ses fruits, puisqu’à Gargas* (Aventignan, Hautes-Pyrénées), «on sait, grâce à de nouvelles méthodes d’analyse de l’art pariétal, que 20 % des 231 empreintes de mains peintes au pochoir [il y a 30 000 ans] sur [l]es parois appartenaient à des enfants». À la même époque, «dans la grotte de Cosquer (Bouches-du-Rhône), un enfant a été probablement soulevé par un adulte, à 2,20 mètres du sol, pour qu’il puisse peindre son empreinte de main».
• Taille de pierre. À Étiolles (Essonne) et La Grande Paroisse (Seine-et-Marne), Nicole Pigeot et Monique Olive «ont distingué, en étudiant des amas d’éclats de silex, ce qui relevait du travail d’experts de celui de jeunes apprentis. Un enchevêtrement d’essais, de ratés», qui datent de moins 14 000 ans.
Note. La grotte de Gargas a longtemps été dite «des mains mutilées» parce que les doigts autres que le pouce ne montrent qu’une ou deux phalanges. Le plus probable est que les modèles ont replié leurs doigts pour obtenir ces représentations.
Référence
Pierron, Véronique, 2025, «Les enfants», Géo Histoire 81, pages 76-77.
Photographie d’illustration: RyanMcGuire pour Pixabay.com
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