Nous citons (avec quelques compléments mineurs) les éléments les plus suggestifs de l’entretien de Lorraine Rossignol (pour Télérama) avec Jeanne Pham Tran, à propos de son livre Révolution bambou, paru en 2024 aux éditions des Équateurs. Carte d’identité sensorielle.

 

Une forêt de bambous sous la neige. Le sol est recouvert de neige et les bambous sont traversés par un soleil rasant d'hiver, scintillant à la gauche de l'image. Sur les bambous du fond, on voit qu'ils ont toujours leurs feuilles. Sur les troncs du premier plan, la neige forment comme des rayures à l'horizontale car elle s'accroche et s’amoncelle aux anneaux légèrement en relief caractéristiques des troncs de bambous. Elle forme aussi comme des taches, entre chaque anneau, comme la peau d'un léopard. Sur les troncs qui sont penchés, les taches s'accumulent sur un seul côté.

 

 

Propriétés tactiles

Poids: léger.
Consistance: «plus solide que l’acier, plus résistant tout en étant plus flexible que le béton ou le plastique».
Texture: «velouté aussi doux qu’une peau de bébé».
Forme: «ses nœuds ressemblent à des articulations humaines, ses entre-nœuds s’apparentent à des os humains».

Milieu de vie

Température: «pousse naturellement entre les deux tropiques» et se cultive dans les zones tempérées; plusieurs espèces résistent aux températures négatives.
Hygrométrie: «fonctionne comme une éponge dans les zones inondables», «très résistant à la sécheresse et au feu, tout en étant entièrement biodégradable».

Autres particularités sensorielles

Taille: «il existe des bambous pouvant atteindre la hauteur d’un immeuble», plus de 30 mètres, et un diamètre de plus de 30 centimètres.
Visuelle: «sa verdeur (il ne perd pas ses feuilles l’hiver)».
Auditive: «ses feuilles chantent au vent et ses longs chaumes gémissent dans la tempête».
Gustative: souvent amères quand elles sont crues, les jeunes pousses (ou turions) deviennent subtilement aigres-douces une fois bouillies ou grillées et pelées. Les graines donnent de la farine.

Interaction avec l’espèce humaine

«Simple à travailler (sans technologie), […] le champ de ses utilisations est vertigineux : de la construction à la vannerie, de la musique à la chasse et à la guerre, de l’alimentation à la médecine, du design aux vêtements, de la brosse à dents aux vélos…», sans oublier le papier.
Il «peut remplacer d’autres matériaux très polluants tels que le plastique, l’acier, le béton ou le verre, voire des espèces de bois en proie à la déforestation».
Il a la «capacité de restaurer des terres dégradées ou de fonctionner comme une éponge dans les zones inondables».
Contrairement à certaines idées reçues, «le bambou ne fait pas partie des “espèces exotiques envahissantes”». En effet, «certaines espèces ont un rhizome (c’est-à-dire un réseau de racines) très étendu». Mais «d’autres espèces présentent au contraire un rhizome resserré sur lui-même…».

«Tout cela renvoie à notre expérience du vivant. […] Le bambou nous permet de penser le “vivre-ensemble” sur un même rhizome à la manière d’une famille ou d’une société.»

Références

Rossignol, Lorraine, et Pham Tran, Jeanne, 2024, «World Bamboo Day: “Le bambou est un allié dans notre lutte contre le réchauffement climatique”», Télérama, 18 septembre.
Pham Tran, Jeanne, 2024, Révolution bambou, éditions des Équateurs.

Bonus


Où voir de nombreux bambous: bambouseraie.fr.
Tout savoir sur le Bamboo Orchestra:
rythmes-croises.org et
agenceartistik.com.

Lire l’entretien sur telerama.fr.

Photographie d’illustration: Kanenori pour Pixabay.com