«Comment enseigner les arts plastiques par le toucher? Comment utiliser de nouveaux outils numériques dans l’accès à la culture? Comment les acteurs culturels ou les artistes s’emparent-ils de ces outils?» Le forum du GIAA/apiDV s’est transformé en événement numérique en raison de la pandémie de Covid-19.

Membres d'association touchant une création artistique (sculpture de poisson) lors d'une visite tactile
[Note de 2022: on sait désormais que le corona virus se transmet par la respiration et par la salive. Le contact entre des mains propres ou avec des surfaces, tout en continuant à se désinfecter les mains, n’est donc pas en cause. Or personne ne le dit, et la fermeture dramatiquement longue des lieux culturels a montré que notre société reste dans la logique du tout ou rien.]
Vendredi 06.11.2020, de 14h à 14h57, la table ronde a réuni deux médiatrices et deux artistes: Rima Dhrif Lebrun, chargée d’accessibilité pour le public déficient visuel à la Cité des Sciences et de l’Industrie; Marie-Pierre WARNAULT, chargée de prospective en médiation à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine; Florence Bernard, enseignante agrégée et docteure en arts plastiques, artiste graveuse; et The Blind, street artiste nantais qui réalise des graffiti intégrant le braille et projette un livre dans lequel l’exploration tactile déclenchera des enregistrements sonores de ses voyages (lire notre article «Des graffs pour le toucher» et regarder le reportage qui conclut la table ronde).

Trois priorités d’action en faveur d’une culture tactile pour tous


À cette occasion, le GIAA-apiDV a publié un manifeste contenant «Six priorités d’action en faveur d’une culture multisensorielle pour tous». L’AFONT attire particulièrement l’attention sur les propositions 2, 3 et 5 (en italique ci-dessous), qui correspondent à ses objectifs.
«Au-delà de l’accès de tous les publics à la culture et du projet d’une société inclusive, le forum du GIAA apiDV a montré qu’une meilleure prise en compte du toucher et de l’ouïe dans la création et la médiation culturelles améliorent la qualité et la diversité des pratiques pour chaque personne, qu’elle soit ou non en situation de handicap.
«1. accélérer l’organisation de l’édition adaptée, dans la continuité des progrès déjà accomplis, afin de lui permettre de fonctionner en réseau, de réduire le délai de dépôt des fichiers éditeurs à la BNF sur Platon et de disposer des fichiers en format structuré facilement adaptables.
«2. Ajouter le droit au toucher au profit des personnes malvoyantes ou aveugles dans le cahier des charges de tous les musées d’intérêt national et régional avec l’obligation d’offrir un nombre significatif d’objets palpables inclus dans les collections et les expositions, ayant la même pertinence que les œuvres à regarder.
«3. Adopter des mesures incitatives pour l’installation de maquettes architecturales en libre accès sur les sites touristiques, comme cela se fait en Belgique, en Pologne et ailleurs.
«4. Inclure le financement de l’audiodescription dans le budget de toutes les productions audiovisuelles, comme le préconise le Centre National du Cinéma (CNC), en particulier les documentaires télévisés et les œuvres de moyen et court métrage.
«5. Inscrire l’audiodescription dans les cursus de formation aux métiers du spectacle, inscrire la production et l’usage d’objets palpables dans les cursus de muséologie et de médiation culturelle, en veillant à l’adéquation aux besoins des usagers déficients visuels.
«6. Proposer systématiquement, sur tous les sites culturels, une alternative accessible, en remplacement des dispositifs interactifs sans clavier physique, inutilisables par les personnes déficientes visuelles.»
Consulter la vidéo sur apidv.org.