Dans le cadre de l’exposition des projets de diplôme des étudiants de DNMADE créateur verrier de l’École Nationale du Verre, Thaïs Barbe présente deux séries de pièces tactiles à la Maison des métiers d’art et du design, 21 bis-23 cours Anatole France, 03000 MOULINS.
«Partant du désir physique d’interagir avec un matériau en fusion, les pièces en présence réunissent la main et le souffle pour explorer nos rapports usuels au toucher. Les objets-mains produits exploitent la malléabilité du verre à chaud et l’idée de déformation par contact, en associant des procédés de moulage corporel au soufflage du verre. S’inspirant de l’art statuaire et de l’haptique, ce travail est porteur d’une mémoire gestuelle et sensorielle avec des mises en volume d’empreintes: ces recherches tactiles visent à provoquer un contact étroit et intime avec le verre, que j’aborde comme un médium symbolique et préhensible en lui imprimant le souvenir de la peau.»
Série «Le souffle des paumes»
«Dans cette installation de pièces sculpturales, un éventail de formes singulières et uniques convoque différents registres du toucher, accentués par la variation de hauteur des tiges d’acier qui les soutiennent. Les socles confèrent alors aux paumes soufflées une stabilité verticale, qu’on rapproche des objets-totems. Aussi, ces fragments de contact entre la main et le matériau en fusion trouvent une parenté avec les formes anciennes d’encensoirs qui étaient utilisées dans le cadre de pratiques cultuelles, en Égypte et en Iran, dès le deuxième millénaire avant J.-C..
«Cette mise en forme du tact est rendue possible par les procédés de moulage, mis en œuvre d’abord à partir d’une terre réfractaire, cuite en amont. Les empreintes manuelles dans la terre sont ensuite utilisées pour souffler le verre, qui conservera la mémoire des détails digitaux de la main.»
Série «Des mains aux lèvres»
«Cette série de réceptacles en verre soufflé prend sa source dans le geste de l’eau, que faisaient les pèlerins pour boire et se laver. Ce geste intuitif que prennent les mains, pour recueillir du sable ou pour contenir de l’eau, s’incarne dans le verre pour offrir des contenants tactiles. Les creux des paumes dans le verre invitent à s’en saisir et à plonger dans l’empreinte vitrifiée, provoquant la répétition spontanée de ce geste de recueillement.
«Pour faire apparaître ces empreintes dans le verre, un premier moulage des mains est réalisé en alginate. Grâce à celui-ci, des moules en plâtre dont la forme et l’épaisseur se prêtent au soufflage du verre, sont mis en œuvre. Enfin, les pièces sont parachevées à froid pour réaliser la coupe nette de l’ouverture et adoucir le buvant que l’on portera aux lèvres.»
Scénographie
«Par souci de sécurisation, toutes les pièces ne pourront pas être touchées par le public en l’occurrence, faute de solutions de fixation concluantes. Cependant, je compte installer une table avec trois couples d’échantillons tactiles fixés, permettant l’appréciation simultanée des deux mains, donc de se projeter dans les différentes sensations du verre que j’ai réussi à imprimer dans la matière.
«J’espère dans le futur pouvoir mettre en œuvre une scénographie plus adaptée et plus en phase avec mon envie de partager charnellement le matériau verre. Cela me tient à cœur. Pour cette première exposition, j’ai fait au mieux, avec l’envie de concevoir à terme des dispositifs ou agencements qui soient encore plus généreux en sensations, puisque je poursuis mes recherches avec grand enthousiasme.»
Pratique
04 70 48 01 36
mmad@agglo-moulins.fr
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Thaïs Barbe, transcrire dans le verre la notion de contact et de toucher relationnel.
Photographie d’illustration: Don de l’artiste.
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