Le projet «Verre à verve» prend un relief particulier avec le bicentenaire de l’invention de l’écriture braille. Deux membres de l’AFONT ont échangé avec ses créateurs: le verrier Antonin Funès et le poète Emmanuel Simier. Une «pulpe friction» toute en douceur! …

 

Dans un salon, posé sur une table, une des oeuvres de l'exposition. Sur un support qui reproduit le principe de la cuisson à la broche, une bombonne de verre sur laquelle des poèmes en braille sont incrustés. Il faut faire tourner l'objet sur son support pour lire les vers.

 

Nous avons chroniqué cette exposition lors de sa première présentation au grand public, à Saumur (Maine-et-Loire), en 2022. Depuis, elle s’est taillée sa notoriété à la biennale des verriers de Carmaux (Tarn), devenant pour Antonin Funès son «identité dans le monde du verre contemporain». Elle s’est d’ailleurs un peu réduite en raison de la vente de certaines pièces. Après un séjour à la médiathèque de Digne-les-Bains (Alpes de Hautes-Provence), sa circulation s’intensifie avec trois étapes liées au bicentenaire de l’écriture braille:

  • passée, du 8 février au 6 avril au musée Champollion de Figeac (Lot),
  • présente, du 8 avril au 1er juin à la médiathèque José-Cabanis, 3ème étage, 1 allée Jacques Chaban-Delmas, 31500 Toulouse,
  • et future, en octobre-novembre prochains dans une galerie de Mâcon (Saône-et-Loire).

Pour rappel, entre 1822 et 1829, Louis Braille et ses camarades, élèves de l’Institut des Jeunes Aveugles de Paris, conçurent progressivement le système d’écriture qui, en 1878, fut adopté comme moyen d’alphabétiser les personnes aveugles du monde entier, quelle que soit leur langue. Sa particularité est d’éviter les traits et les boucles des écritures visuelles, dont le déchiffrement par le toucher demande trop d’espace et de temps. Chaque signe braille correspond au contraire à la surface la plus sensible de la pulpe du doigt grâce aux formes que dessinent deux colonnes de trois points espacés de 2 à 2,5 millimètres.
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Jean-Michel Ramos Martins, bibliothécaire à José-Cabanis, et Bertrand Verine, responsable de notre site, ont voulu en savoir plus. En écoutant leurs échanges à quatre voix, vous apprendrez par le menu
– qu’Emmanuel Simier est écrivain, animateur d’ateliers de lecture, d’écriture et de théâtre, mais aussi aide berger. L’un des poèmes de l’exposition invite d’ailleurs les visiteurs, dont certains lisent tactilement: «Sentez sous vos doigts: le suint de la laine quand il neige, quand le froid est là. L’odeur pétrichor de la roche et de la terre pendant et après la pluie. Celle des mélèzes goûtés par les brebis, Proust des mandarines et du feu de bois hivernaux»;
– qu’Antonin Funès est créateur et formateur en soufflage de verre, mais aussi apiculteur, une des raisons pour lesquelles une seconde série de ces objets-poèmes se fait encore attendre. Une autre raison est la technique et le temps que demande leur réalisation: «sur du verre, la meilleure façon pour obtenir du braille, c’est pas de rajouter de la matière, c’est d’en enlever. Et la technique qui permet d’être le plus fin possible sur la matière verre, c’est le sablage».
De fait, l’artiste ne moule pas les lettres dans la masse, ou ne rapporte pas des pastilles de verre sur la surface de ses pièces. Il compose les textes, point par point, avec des gommettes en plastique, puis il arrase la matière autour de chaque gommette et entre chacun des mots. Après quoi, il décolle le plastique et ponce les formes pour que le verre sablé aient à la fois du grain et de la douceur. De nombreuses déclinaisons sont envisageables, aussi bien sur des formes sculpturales variées que sur des éléments d’architecture, baies vitrées ou pavés de verre.
Le retour de Jean-Michel sur ses échanges avec les visiteurs de Toulouse invite à prolonger l’expérience.

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