Dans la foulée du prix Nobel de médecine 2021 décerné à David Julius et Ardem Patapoutian pour leurs découvertes sur le toucher, L’Humanité dimanche du 21 octobre 2021 a demandé à notre adhérent Vincent Hayward de faire le point sur ce sens capital et mal connu… …

 

Portrait en noir et blanc d'un jeune homme dans l'obscurité qui tient contre une moitié de son visage une fleur. Le pistil et les pétales épousent d'une caresse les courbes de son visage. Seuls la fleur et l'oeil de l'homme sont en couleur.

 

Au fil de ces trois pages très accessibles, Vincent Hayward synthétise ce que la science d’aujourd’hui a établi sur la relation entre la main et les outils (pages 62-63), sur l’évolution des conceptions philosophiques, sur le toucher relationnel et sur la physiologie du toucher (page 63), enfin sur l’atténuation de la perception avec le vieillissement et sur les applications nouvelles liées aux technologies d’avenir (page 64).

Idées clés

• «Nous avons […] deux rôles pour le sens du toucher: l’un inconscient qui nous permet de manipuler les objets sans qu’ils nous échappent –et aussi de marcher sans chuter– et l’autre conscient qui nous permet de connaître la matière dont les objets sont faits, leur forme, leur poids et de nombreuses autres caractéristiques perceptibles» (page 62). Au premier titre, «sans [le toucher], saisir un verre, fermer un bouton de chemise ou lancer une balle sont des entreprises incertaines et laborieuses. Il permet l’exécution de ces tâches d’une façon automatique et inconsciente» (même page).
• «Il n’y a pas de “hiérarchie” des sens comme les penseurs du siècle des Lumières semblaient le croire. Le toucher non seulement assure notre survie, mais contribue à notre développement et à nos facultés cognitives, tout comme les autres sens» (page 64). Dans les situations courantes, contrairement à ce qu’on a longtemps cru, «l’étude de la coordination entre la vision et le toucher a montré comment ces deux modes de perception interagissent à des échelles de temps différentes pour assurer des mouvements fluides et sans à-coups. La vision nous permet de nous mouvoir et de saisir les objets par anticipation. Le toucher nous permet de décider de la présence et la nature des contacts sur des échelles de temps très courtes» (même page).
• Conclusion essentielle qui justifie l’existence de l’AFONT et son projet de Fondation: «l’étude du toucher accuse un très grand retard en comparaison de l’étude des autres sens. Une des raisons est peut-être justement ce qui fait sa force: un fonctionnement robuste, discret et qui ne fait que rarement défaut» (même page). C’est pourquoi nous gagnerions tant à le cultiver consciemment.

Lire l’article sur le site de l’Académie des Sciences. ou de L’Humanité.

Photographie d’illustration: Afrazeirfan04 pour Pixabay.com