À partir des récits d’aventure à la voile, Jean Griffet montre que le sport de pleine nature a ajouté aux sensations motivées par l’efficacité un sentir immédiat de l’expérience vécue, dont les significations et les formes d’expression se construisent depuis 1960. …
Auparavant, «l’expérience de la mer ne se racont[ait] pas sur le registre de la sensorialité. Les mots exalt[ai]ent des sentiments comme le patriotisme et la croyance dans le renforcement de la vigueur corporelle par les éléments naturels» (page 48).
D’un côté, l’aventure pour l’aventure révèle le rôle de l’ouïe, du toucher externe, mais surtout des vibrations et de la proprioception (position de soi en corps à corps avec le bateau). D’autre part, l’attention aux sens autres que la vue fait (re)découvrir aux marins l’«expérience sympathique du monde», «si banale et pourtant si fondatrice des formes de vie quotidiennes» (page 53). Cependant, c’est la description visuelle du spectacle de la nature qui, pour les aventuriers cités et pour l’anthropologue, donne sa signification au vécu.
À lire Jean Griffet, on peut faire une autre hypothèse. C’est parce que la vue est le sens le plus cultivé depuis deux siècles qu’il est plus facile d’exprimer son double usage comme système d’information efficace et comme source d’impression intense. Mais la (re)découverte de l’évidence du vécu corporel implique l’élaboration de nouvelles formes d’expression communiquant l’ensemble de la sensorialité.
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