Ce joli nom dissimule une association créée en 1999 dans la région toulousaine avec des motivations comparables à celles de la Fondation du toucher, condensées dans le double slogan «Comprendre pour s’émerveiller, s’émerveiller pour comprendre». Présentation.

 

Sur une table, deux maquettes éducatives : un cerveau tout en relief, en plâtre, avec une coupe franche en son milieu pour explorer l'intérieur ; la seconde maquette représente des synapses (mottes recouvertes de longues pointes) en dur et en relief, disposés à distance sur la table et reliés par des câbles.

 

 

Faire interagir les arts, les sciences et les sensations

Les Chemins Buissonniers sont une association d’éducation populaire qui travaille en particulier à destination des publics éloignés de l’offre culturelle et scientifique. Elle a été fondée par des artistes, des scientifiques, des pédagogues et des citoyen-ne-s convaincus que «l’art et la science reflètent des aspects différents, complémentaires, de l’expérience humaine et [qu’ils] ne nous donnent une idée complète du monde que lorsqu’ils sont pris ensemble. […] Leurs fins se ressemblent beaucoup, et il existe une certaine ressemblance entre leurs méthodes. L’objectif de l’artiste et du savant est de donner forme au monde qui l’entoure. L’un et l’autre y parviennent en recherchant des configurations qui mettent en relation des expériences jusque-là dépourvues de lien. L’un et l’autre sont mus par la même impulsion: le désir d’apprendre ou, pour le dire autrement, de découvrir».
L’association est à la fois club UNESCO et club CNRS. «Pour qu’émerge une démarche culturelle riche d’échanges et de partages», «pour nourrir la curiosité et la réflexion de tou-te-s», elle «développe depuis 2019 le projet Au-delà du regard, qui vise d’une part à rendre accessible la culture scientifique aux personnes aveugles et malvoyantes, mais également à sensibiliser le public à la diversité des perceptions» en mobilisant «les sens autres que la vue (toucher, goût, odorat, ouïe) dans [des] évènements et ateliers». En 2021, on peut notamment citer la conférence-spectacle «Les Femmes des étoiles» pour la journée des droits des femmes, et le cycle «Paroles d’arbres» avec des balades chorégraphiques, conférences scientifiques, contes d’ici et d’ailleurs.
L’objet des Chemins Buissonniers est donc plus vaste que celui de la Fondation du toucher, mais l’esprit est le même, et la démarche plus avancée. Ainsi, l’association crée des «objets tangibles et manipulables», «à la fois à destination des publics déficients visuels, et pour inciter le grand public à apprendre et à découvrir par le toucher». Leur exploration est accompagnée par une médiatrice scientifique. En voici deux exemples.

Le cerveau du bout des doigts

Les Chemins Buissonniers ont conçu la reproduction 3D d’un cerveau à taille et poids réels. Les différents lobes sont texturés (perles, paillettes) pour pouvoir être discriminés. «Le cervelet est identifiable grâce à la représentation de ses nombreuses plissures. Les deux hémisphères se séparent pour rendre accessible l’intérieur du cerveau en coupe, et rendre ainsi tangible la différence entre le cortex cérébral, la substance grise et la substance blanche. Cette dernière est plus profonde, les axones qui la composent sont également représentés en relief».
Un grand plateau de 80 cm sur 1 m présente plusieurs neurones, «que le public peut connecter entre eux grâce à des câbles aimantés. [On] peut faire et défaire les connexions, et appréhender ainsi par le toucher les phénomènes de plasticité cérébrale et de reconfiguration neuronale».
Des livrets prolongent les informations reçues sur le cerveau durant l’atelier. Une transcription braille avec schémas en relief a été réalisée.

Un blob en relief est en cours de création

Sur un plateau de 80 cm par 80 cm, la reproduction agrandie permettra de découvrir avec les doigts les caractéristiques principales du Blob dans son milieu naturel (sous-bois) et dans sa forme adulte (réseau vasculaire, mucus, etc.).
Rappelons que, selon le site du Muséum National d’Histoire Naturelle, «cet organisme unicellulaire possède d’incroyables capacités qui promettent des avancées scientifiques majeures». Décrit dès 1822, et longtemps considéré comme un champignon, il n’est, en réalité, «ni plante, ni animal, ni champignon». Le physarum polycephalum (littéralement, vessie à plusieurs têtes) est surnommé blob par référence au personnage éponyme d’un film de science-fiction réalisé par Irvin Yeaworth en 1958. Dans l’œuvre imaginaire, il s’agissait d’un extraterrestre géant et gluant, qui grossissait en avalant les Terriens. Dans la réalité, quand les conditions lui sont favorables, le blob double sa taille tous les jours et peut devenir envahissant. Ce que les scientifiques cherchent à comprendre et à utiliser sont ses aptitudes à se déplacer, à se transformer et à reproduire des processus, qui pourraient avoir de nombreuses applications techniques.

Consulter le site leschemins-buissoniers.fr.

Photographie d’illustration: brochure explicative des Chemins Buissonniers.