Dans Le Monde du 13.05.2020, Florence Rosier enquête sur l’évaluation, après 7 ans d’usage, des prothèses myoélectriques de bras et de jambes. En rendant des perceptions tactiles aux personnes amputées, elles affinent leur motricité et atténuent les douleurs ressenties dans le membre lésé.
En 2010, un rapport de la Haute Autorité de Santé constatait encore l’avantage des «prothèses mécaniques activables par un harnais, […] jugées plus fiables, plus rapides et plus légères», tandis que les versions myoélectriques convenaient plutôt à «des personnes exerçant un emploi peu exigeant sur le plan physique, comme dans le secteur tertiaire», ou à «des étudiants comme prothèse de vie sociale». À l’époque, l’électronique communiquait aux appareils les impulsions du cerveau: cela permettait de les «contrôler intuitivement», de les «commander par la pensée», mais cela restait à sens unique.
En 2013 et 2014, deux articles du Figaro présentaient les avancées d’une équipe de chercheurs italo-suisses et d’une équipe suédoise en matière de membres artificiels «greff[és] directement sur les nerfs de l’amputé, à la place des plus traditionnelles électrodes placées sur la peau». Pour la première fois, grâce à ce câblage et aux progrès informatiques, l’échange devenait à double sens: les appareils transmettaient au cerveau des informations tactiles de pression et de frottement, interprétables en termes de consistance, de texture et même de forme.
C’est cet apport irremplaçable des sensations qui est validé par plusieurs dizaines d’utilisateurs après sept ans d’expérimentation. «Pour contrôler correctement un membre, vous avez besoin d’informations sensorielles», indique un des chercheurs, Max Ortiz Catalan. Du côté des mains, «quand vous saisissez un objet, vous devez percevoir le contact avec cet objet, et estimer la force de la pression exercée par vos doigts. La vision ne suffit pas». Du côté des pieds, sentir sa prothèse permet «d’éviter de buter sur un obstacle, de monter plus facilement un escalier, de marcher plus vite, de fournir moins d’effort cardiovasculaire. De plus, [cela] atténu[e] l[a] sensation de “membre fantôme”, ces douleurs ressenties dans le membre perdu».
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Le Figaro 2013
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Photographie d’illustration: Stephintofuture pour Pixabay.com
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