Du 19 mai au 26 juin 2021, cinq artistes nous invitent à expérimenter ce qui fait un paysage, au-delà des limites traditionnelles de son appréhension, dans ses dimensions physiques et mentales. Estampe, céramique, textile, installations interactives: l’AFONT aime passionnément!

 

Vue d'ensemble de l'exposition: au premier plan, des tables-présentoirs exposant des oeuvres de tissus et matières végétales cristallisées par du vernis. Encadrant les meubles et suspendues au plafond, des structures de tissus prenant la forme d'arbres à plusieurs niveaux, comme des sapins. Sur le mur du fond, les visiteurs touchent le long paysage tactile, à la découverte d'une multitude de textures (tissages de papiers et bâtonnets, braille, etc.). Des petits groupes de discussion se forment.

 

Un projet

L’exposition «Paysages Tactiles» est présentée, du 19 mai au 26 juin 2021, au sein de l’espace Mémoire de l’avenir, 47 rue Ramponeau, dans le 20e arrondissement de Paris. Elle propose d’aborder de manière sensible le paysage dans ses dimensions physiques et mentales, en créant des espaces de partage plastiques et sonores communs aux non-voyants et aux voyants. Cinq artistes nous invitent à toucher, à entendre, à voir différentes œuvres qui sont autant de paysages à expérimenter. L’estampe, la céramique, le textile, les installations interactives convoquent nos sens, notre imaginaire et nos émotions afin d’interroger ce qui fait un paysage, au-delà des limites traditionnelles de son appréhension.
En proposant une approche de l’œuvre par l’interaction et le toucher, l’exposition souhaite offrir un espace d’expérimentation commun au-delà des restrictions visuelles. Elle invite à décentrer l’imaginaire du paysage de sa dimension visible, pour l’envisager par la richesse de ses aspects matériels et immatériels sensibles, et par là même appelle à reconsidérer nos manières habituelles de percevoir le monde pour en expérimenter de nouvelles.

Trois visiteurs parmi tant d’autres

Anne Chotin

L’exposition « Paysages tactiles » m’est apparue comme une flânerie urbaine, en plein Belleville, où l’on se promène et découvre différentes créations conçues pour être touchées. Disposés tant sur les murs que sur des socles à différentes hauteurs, les éléments naturels se redécouvrent à travers des dispositifs innovants et sensibles, sources d’émotions esthétiques par le biais du toucher. On pourra ainsi explorer un paysage de montagnes, reconstitué par un cheminement où découpes, coutures, texte en braille et audio se rejoignent. On se laissera aussi porter par des mobiles suspendus aux formes ajourées et aux textures évocatrices. Les céramiques fragiles et légères contrastent avec celles plus lourdes et plus anguleuses, proches de minéraux marins. Il y a aussi les installations interactives où le corps et le mouvement déclenchent du son, mais pour lesquelles la dimension visuelle reste prégnante. En tous cas, c’est un vrai dépaysement auquel invite ce voyage, qui nous fait renouer simultanément avec la vie sociale et la valorisation du toucher, dans des conditions covi-compatibles!

Bertrand Verine

Et encore, parmi les carrés de cuir ou de velours et les plates-bandes de jean effrangé, aller à la rencontre d’étranges créatures: alignement de gousses végétales ou de limaces, assemblée de squelettes d’oursins ou de corolles florales…
H3>Éric Meuwes
Je soulignerai deux qualités: la simplicité des propositions et la pertinence tactile. L’ensemble m’a paru contenir aussi beaucoup de travail et de technique. Je parle de simplicité car parfois la réflexion sur la dimension tactile amène à des propositions d’œuvres d’un abord complexe.
Ici, le donner-à-toucher est privilégié. C’est-à-dire: créer des choses qui parlent aux mains. Les mains ont leur façon de regarder et leur intelligence. C’est là où je parle de pertinence tactile. J’avais un certain a priori en venant à l’expo, car je m’interrogeais sur le titre: Paysages tactiles. Très beau titre, mais je me demandais si, encore une fois, on allait nous proposer un accès tactile aux choses visuelles que sont les paysages. Et j’ai été agréablement surpris ou rassuré de constater que les artistes avaient cherché à parler aux mains, et non simplement à faire toucher des choses qui ne sont pas faites pour ça.
Dans l’expo, on peut dire que les objets et installations ont été faites dans l’idée d’être touchées. C’est là pour moi le sens de la création tactile. Oui, la pertinence tactile était là: dimension à taille humaine, choix de matériaux, choix de textures; des lignes, des creux, des formes, des possibilités de préhension, des dynamiques intérieur-extérieur. Je pense qu’il y a dans cette expo des germes pour de futures créations toujours plus tactiles.

Cinq artistes

Delphine Gauly, dont le travail s’est progressivement orienté vers l’image tactile et l’écriture braille, présente «Rafistoler», une œuvre papier et sonore. Elle donne à arpenter, en suivant coutures et textures, le récit poétique d’une marche en montagne de l’écrivaine Anne Mortal. L’artiste expose également «Alphabet Paysage», un ouvrage de découverte du braille à travers des images tactiles et un texte offrant des rapprochements entre la structure des lettres brailles et des éléments de paysages.
Juliette Vivier nous invite à une exploration céramique du paysage souterrain et rocheux des grottes.
Avec ses micro-jardins textiles et ses volumes en dentelles crochetées, Marie-Claire Corbel crée des évocations abstraites et poétiques de paysages observés sous différentes perspectives.
La série «Maya» de Laura McCallum construit un paysage sculptural aux formes et textures ambivalentes, qui convoquent et jouent avec nos représentations de la nature.
Lamozé, compositeur et plasticien, nous propose d’interagir avec deux installations pour produire, par nos gestes et nos mouvements, de véritables paysages sonores.

Pratique

L’exposition Paysages Tactiles est accessible gratuitement dans le respect strict des gestes barrières: le port du masque couvrant le nez et la bouche est obligatoire, ainsi que le nettoyage des mains à l’entrée de l’exposition. L’espace de 80 m2 peut accueillir 8 personnes à la fois, afin de respecter la distanciation des personnes.
Espace Mémoire de l’Avenir, 47 rue Ramponeau, 75020 Paris.
Métro: Couronne (ligne 2), Belleville (ligne 2 et 11) ou Pyrénées (ligne 11).
Du mardi au samedi, 11h-19h.
Tél. 09 51 17 18 75.
En savoir plus: galerie-a-venir.org.

Photographie d’illustration: Cathy Verine pour l’Afont.