Le Nouveau dictionnaire des gauchers propose un bêtisier des croyances concernant les relations entre les côtés gauche et droit de notre corps, un nuancier des configurations attestées par nombre de personnages publics, enfin un argumentaire en faveur de la diversité.
Inévitablement, cet ouvrage d’une richesse remarquable traite beaucoup du faire et très peu du sentir, puisqu’il se donne pour but de déconstruire le «principe ancestral, inscrit profondément dans nos schémas mentaux, qui veut que l’opposition Droite\Gauche soit le corollaire de l’opposition Bien\Mal» (page 10). Les auteurs les plus ségrégationnistes ont annexé beaucoup d’autres hiérarchies à ces oppositions: ainsi, en 1885, le médecin Louis Jobert a pu écrire sérieusement que «la gaucherie est peut-être plus fréquente chez les enfants, les femmes, les sauvages, les fous et les criminels» (cité page 166), ce qui a bien sûr été démenti, sauf pour les enfants (dont beaucoup finissent par s’adapter à l’intolérance droitière).
À la même époque (1897), de manière plus raisonnable, le psychologue Jules-Jean van Biervliet remarque que «l’acuité tactile [est] toujours plus fine pour la main dominante: main droite pour les droitiers, main gauche pour les gauchers» (cité page 266). Pierre-Michel Bertrand n’approfondit pas ce point, mais indique l’existence d’autres dissymétries sensorielles. Ainsi, le tir (à l’arc ou aux armes à feu) révèle que chaque personne a un «œil directeur», parfois différent de sa «main dominante» (page 203). De même, «nous avons une oreille prédominante. Celle-ci ne bénéficie pas forcément d’une meilleure acuité, mais d’une meilleure discrimination auditive. Elle est en quelque sorte plus “attentive” que l’autre», selon une proportion de 60% pour l’oreille droite et 40% pour l’oreille gauche, beaucoup plus proche de la parité que pour les autres dissymétries[1] (page 207).

Tout un éventail de configurations


Globalement, «on évalue la proportion [des gauchers] à 10 ou 12% de la population actuelle» (page 10), mais cette statistique dissimule une grande diversité de situations. En effet, si «les droitiers homogènes [main-œil-pied] sont très majoritaires (62% […] les gauchers homogènes sont très rares (3%)» (page 93). Encore faut-il souligner que «le pied d’appui / d’appel est généralement controlatéral à la main dominante, à savoir: pied droit pour les gauchers et pied gauche pour les droitiers» (page 213). Or, dans les activités d’équilibre ou de saut, notamment, comment déterminer le côté le plus important entre celui qui se déplace et celui qui stabilise ou impulse?
Le plus passionnant est donc la diversité des 35% de personnes présentant des «degrés de gaucherie» (page 204). Par exemple, «quatre gauchers sur dix s’avèrent droitiers de l’œil» au tir (page 203). Dans la longue liste de personnages publics que mentionne l’auteur, on peut distinguer:

  • des gauchers «avérés», comme les peintres Jerome Bosch, Leonardo da Vinci et Hans Holbein, le claveciniste et compositeur Carl Philipp Emanuel Bach, les pianistes Glenn Gould et Hélène Grimaud, le violoniste Itzhak Perlman, les guitaristes et compositeurs Paul McCartney et Jimmy Hendrix, le philosophe Roland Barthes, la tenniswoman Martina Navratilova, les actrices Tippi Hedren, Kim Nowak, Scarlett Joanson, Angelina Joly, et Julia Roberts, les acteurs Carry Grant et Anthony Perkins, les présidents états-uniens Ronald Reggan, Bill Clinton et Barak Obama, etc.
  • des gauchers contrariés devenus ambidextres, tels le plasticien Albrecht Dürer ou l’acteur-réalisateur Charlie Chaplin
  • des gauchers contrariés demeurés maladroits, comme le pianiste et compositeur Ludwig van Beethoven, réputé jouer trop fort de la main gauche, ou les écrivains Lewis Carroll et Georges Pérec
  • des gauchers partiels, tels Michel-Ange, qui semble avoir peint de la main gauche et sculpté de la main droite, le poète Paul Verlaine, qui écrivait de la main droite et dessinait de la main gauche, les footballeurs Diego Maradona et Leonel Messi (notamment), droitiers pour leurs autres activités, qui tiraient du pied gauche
  • des droitiers devenus gauchers par obligation, comme les écrivains Blaise Cendrars et Louis-Ferdinand Céline, parmi des centaines de milliers de blessés de guerre
  • des gauchers temporaires, comme Mme de Sévigné et Frédéric II de Prusse, ne renonçant pas à écrire malgré leurs crises à la main droite, ou Auguste Renoir, continuant à peindre pendant ses deux fractures du bras droit
  • des gauchers volontaires «de circonstance», tels les peintres Paul Klee, Vassily Kandinsky, Marcel Duchamp et Raoul Dufy, ou le tennisman Rafael Nadal, droitier, qui choisit de pratiquer son sport de la main gauche.

Histoire d’un préjugé occidental


Au préalable, il convient de souligner que, malgré sa richesse, l’ouvrage contient seulement quelques allusions aux cultures musulmanes, chinoises ou indiennes d’Asie, et aucune aux autres aires culturelles, pour lesquelles on espère avoir un jour un travail aussi substantiel que celui de Pierre-Michel Bertrand sur l’Occident. Il faut aussi remarquer que les empreintes préhistoriques montrent des pourcentages comparables à ceux des enquêtes d’aujourd’hui entre 10 à 15% de mains gauches et 85 à 90% de mains droites (page 131).
En résumé, dès l’Antiquité, puis, notamment, entre 1750 et 1850, des voix se sont élevées en faveur de la bimanualité ou, à tout le moins, de l’égalité en droit des deux mains. Ainsi, selon Platon, «l’aptitude des deux bras est égale, c’est nous qui, pour suivre l’usage, les avons rendus inégaux en ne nous en servant pas comme il faut» (page 132). Ou encore, «ceux-là travaillent contre la nature qui travaillent à rendre la main gauche plus faible que la droite» (cité page 16). Mais, déjà, les Celtes et les Grecs interprétaient comme un mauvais présage un signe céleste venu de la gauche, et si les Romains avaient la croyance inverse, c’est qu’«un signe localisé à gauche par le devin était, en fait, [interprété comme] un oracle émis à droite par les divinités qui lui faisaient face. D’où son caractère propice» (page 18). De même, une foule d’arguments doivent être convoqués pour justifier qu’on porte l’alliance matrimoniale à la main gauche: elle est mieux protégée à la «main oisive», elle serait plus à sa place à la «main du cœur», et l’or conjurerait le maléfice de la «main mauvaise» (page 14).
La première source très abondante de senestrophobie (hostilité au côté gauche) est la Bible et les innombrables peintures et sculptures qui en sont dérivées[2]. Ainsi, la transmission de la pomme d’Ève à Adam est souvent représentée de main gauche à main gauche (page 13) et la pesée des âmes place les pécheresses à gauche et les élues à droite (page 25). De façon moins manichéenne mais tout aussi hiérarchique, dans les crucifixions, Marie et le soleil symbolisant le Nouveau testament sont situés à droite, tandis que Jean et la lune symbolisant l’Ancien testament se trouvent à gauche (page 65). Certains théologiens ont même cherché à résoudre l’insoluble difficulté qui veut que si Jésus est «à la droite de Dieu», il s’ensuit que Dieu est à la gauche de Jésus… (page 283).
Cependant, «pour les théologiens médiévaux, l’opposition entre la main droite et la main gauche symbolisait [seulement] l’opposition entre l’âme et le corps, l’éternel et le temporel, l’au-delà et l’ici-bas» (page 264). Certes, l’«analogie entre la gaucherie manuelle et le manque d’éducation revient régulièrement dans la littérature populaire et le théâtre comique d’autrefois» (page 16). Mais «contrairement à une idée reçue tenace, le Moyen Âge fut une période plutôt paisible pour les gauchers. Les premières misères qu’ils eurent à subir datent sans doute de la Renaissance» (page 199). Elles culminèrent avec Les Règles de la bienséance et de la civilité chrétienne (1703), best-seller du père saint Jean-Baptiste de la Salle, puis, après l’accalmie des Lumières, lors de la «vague délirante de senestrophobie qui s’étend en Europe entre les années 1850 et l’immédiat après-guerre 14-18» (page 152). On a même théorisé que les garçons étaient le fruit du testicule droit de leur père, ou logés à droite dans l’utérus de leur mère, et conseillé aux femmes soucieuses d’engendrer un héritier mâle de dormir sur le flanc droit (pages 229-230).
Dans les années 1920, la «hausse inopinée de la population gauchère [du fait des blessés de guerre] ainsi que la remise en question des schémas mentaux qu’elle entraîne (le gaucher n’est plus celui qu’on blâme, mais celui qu’on célèbre) vont susciter une prise de conscience dans l’opinion publique. La main gauche, naguère si décriée pour sa maladresse, se voit soudain auréolée d’une réputation flatteuse de vaillance, d’ingéniosité et de ténacité» (pages 225-226). Même les prêtres obtinrent des dérogations pour célébrer la messe sans bras droit…

Qu’en dit la biologie?


Il convient bien sûr de poser au départ que «le fait d’avoir une main “meilleure” que l’autre ne doit pas nous faire oublier que toutes deux sont strictement identiques, tant au plan morphologique qu’au plan neurologique. Bref, la différence que nous éprouvons et, par suite, que nous instaurons entre notre main droite et notre main gauche, est une différence de statut et non pas de nature» (page 58). La principale complication vient de ce que «c’est l’hémisphère gauche [du cerveau] qui prend en charge la main droite –plus généralement tout le côté droit du corps, excepté les organes de la face– et, inversement, c’est l’hémisphère droit qui s’occupe de la main gauche». Or l’hémisphère gauche est aussi celui qui traite le langage et la logique. Ce constat a aussitôt été mis en conformité avec les idées reçues: «on admet ainsi que l’espèce humaine est droitière par nature parce que, chez elle, la part “rationnelle” domine. Ce qui implique un intéressant paradoxe, que Broca avait souligné par cet aphorisme: “nous sommes droitiers de la main parce que nous sommes gauchers du cerveau”» (page 51).
Le raisonnement peut tout aussi bien être renversé, notamment dans le cas des activités impliquant adresse et rapidité: «la faculté de trouver ses marques dans l’espace, d’apprécier la vitesse et la trajectoire d’une balle, d’anticiper les déplacements de l’adversaire, etc. est la prérogative du cerveau droit. Il s’ensuit, chez les sportifs droitiers, que cette information doit, pour provoquer un réflexe approprié de la main droite, être transmise au cerveau gauche, qui pilote celle-ci. C’est en quelque sorte une action en deux temps. En revanche, chez les sportifs gauchers, le contrôle visuel et la maîtrise du geste sont pris en charge par le même hémisphère. C’est le seul cerveau droit qui apprécie la situation et qui y ajuste la réponse manuelle. Ce circuit court de l’influx nerveux permet un gain de quelques millisecondes sur le droitier…» (page 256).
Concernant la croissance des enfants, «dès qu’ils sont capables de tenir des objets, les bébés utilisent en général la main gauche plutôt que la main droite. Cette préférence dure à peu près jusqu’à la vingt-quatrième semaine, âge auquel ils passent à une certaine forme d’ambidextrie. […] Après le douzième mois, c’est-à-dire en même temps qu’apparaît le langage, une prédominance se fait jour progressivement, dans un sens ou dans l’autre. La latéralité demeurera cependant encore longtemps très fluctuante. […] dans la plupart des cas, il faudra attendre qu’il ait atteint ses trois ans pour savoir avec certitude à quel camp l’enfant appartient réellement» (page 29).
Enfin, contrairement au préjugé misogyne dont nous sommes partis, il semble qu’il y ait plus de gauchers et d’ambidextres hommes que femmes: «le phénomène s’expliquerait à la fois par des raisons biologiques (influence des testostérones sur l’asymétrie cérébrale) et par des raisons psychologiques: les petits garçons, moins conciliants que les petites filles, seraient plus rebelles à l’éducation droitière» (page 73).

Qu’en disent les usages sociaux?


Les croyances senestrophobes ont perduré ou perdurent dans de nombreux gestes symboliques. On doit, traditionnellement, prêter serment, faire le salut militaire ou le signe de croix, donner l’aumône ou la bénédiction de la main droite. Réciproquement, les peines judiciaires de flétrissure au fer rouge ou d’amputation s’appliquaient au bras droit. Au théâtre même, le côté droit (dit aujourd’hui «cour») était celui du roi, et le côté gauche (dit aujourd’hui «jardin») celui de la reine.
D’autres choix sont plus pragmatiques. Ainsi, la béquille d’appui des deux-roues est à gauche, car les droitiers prennent appui sur le pied gauche. Mais surtout, tenir le bouclier de la main gauche aidait à mieux protéger son propre cœur, et manier l’épée de la main droite permettait de viser plus facilement le cœur de son adversaire. On a donc porté l’épée du côté gauche pour la dégainer de la main droite[3], ce qui a conduit à monter à cheval par la gauche et à circuler à gauche, pour «faire se croiser les cavaliers du côté de la main qui tient l’épée, permettant ainsi à chacun de riposter à une attaque éventuelle)» (page 243).
Les symboles ont cependant repris le dessus du fait que «tenir sa droite, c’était “passer sous la main gauche» de la personne que l’on croisait, donc “lui laisser la main droite libre”, donc aussi, symbolique oblige, lui témoigner de la déférence au cas où il se fût agi d’un puissant» (page 244). Du coup, «Henry Ford, pionnier de l’industrie automobile, décida de mettre le volant à gauche afin que le passager (mais surtout la passagère) pût monter et descendre côté trottoir sans se risquer sur la chaussée» (pages 20-21). Malheureusement, Pierre-Michel Bertrand ne dit rien des effets sensorimoteurs de la conduite à gauche pour les droitiers des pays où elle se pratique encore.
En revanche, de nombreuses pages approfondissent de manière très intéressante le fait que la proportion de gauchères et de gauchers est anormalement élevée dans les métiers de la musique, notamment parmi les pianistes, les violonistes et les guitaristes: «la pratique musicale, d’entre toutes les disciplines, est sans doute celle qui réclame la plus grande collaboration bilatérale, même lorsque, comme c’est souvent le cas, le premier rôle revient à la main droite». Or «les gauchers ont, par la force des choses, développé l’adresse de leur mauvaise main… ce que les droitiers n’ont jamais eu l’occasion de faire» (page 200).

Qu’en dit la linguistique?


Le français n’a pas conservé d’héritage du latin scaevola, qui désignait les handicapés du bras droit obligés d’utiliser leur main gauche. En revanche, «le terme médiéval manc signifiait à la fois “gauche” et “estropié, défectueux, défaillant”. Il provenait du latin mancus, qui a donné […] l’italien mancino et le polonais mankit, “gaucher”», mais aussi le français manchot (privé d’un des deux bras) et manche (maladroit) (page 190).
L’ancien français opposait dextre et senestre. Le Dictionnaire étymologique du français de Jacqueline Picoche (1985) indique que l’origine de dextre qualifie, dès avant le latin, aussi bien ce qui est «droit» que ce qui est «normal», tandis que senestre signifie à la fois «qui est à gauche» et «défavorable, de mauvais augure» (d’où notre actuel sinistre).
Au 16ème siècle, l’opposition entre dextre et senestre a été remplacée par celle entre droit, signifiant à la fois «sans déviation» et «qui est permis», et «gauche, issu de l’ancien français guenchir («biaiser, faire des détours»), lui-même dérivé du verbe francique wenkjan, «vaciller». Gauche, nous dit Littré [1872], remplissait ainsi “la double condition de signifier opposé au côté droit et opposé à adresse. L’italien, mû par un même mobile, a dit la main gauche de deux façons: stanca, la main fatiguée, et manca, la main estropiée”[…] d’un point de vue lexicographique, la main gauche n’est pas qualifiée comme telle en raison de sa position, mais en raison de sa nature, tenue a priori pour défectueuse…[4]» (page 117, repris page 127).
De manière figurée, «en ancien français main haute et main basse désignaient respectivement la main droite et la main gauche. Selon Littré [1872], ces dénominations se rapportaient à la disposition des mains chez le cavalier: la droite, qui tenait l’arme, était placée au-dessus de la gauche, qui tenait la bride [du cheval]. Soit, admettons, puisque Littré l’affirme… Mais on a du mal à croire que cette façon de dire fût pour autant dénuée de jugement de valeur. Faut-il rappeler que les petites gens étaient autrefois communément qualifiées de gens de basse main? Ne disait-on pas aussi des personnes influentes qu’elles avaient la haute main?» (page 188).
On l’entend: les langues et l’étymologie ne disent pas le monde tel qu’il est, mais tel que nous le comprenons, de manière parfois aberrante.

Notes


[1. Le sens olfactif, jusqu’ici peu étudié sur ce point, révèle encore une autre configuration, puisque nos narines droite et gauche inversent automatiquement leurs rôles toutes les 2h30 environ: l’une inspire un flux d’air faible et l’autre un flux d’air fort, qui permettent d’identifier des odorants différents (Dannoritzer, Cosima, 2024, Odorat: à la recherche du sens perdu, Arte TV).]
[2. Exception malicieuse: «dans la fameuse Création de l’homme [de Michel-Ange sur le plafond de la chapelle sixtine à Rome], Dieu tend l’index de la main droite vers l’index de la main gauche d’Adam pour lui communiquer l’étincelle de vie» (page 196). C’est cette représentation que détourne l’image de la page d’accueil de notre site.]
[3. Ajoutons que le port de l’épée à gauche expliquerait aussi le boutonnage à droite des vêtements masculins pour ne pas risquer d’entraver le mouvement de dégainer. Le boutonnage à gauche des vêtements féminins aurait été instauré pour faciliter le travail des servantes droitières placées face à leur maîtresse (Science & vie Questions réponses numéro 18).]
[4. On retrouve des associations comparables dans les sens d’izquierdo et zurdo, signifiant «gauche» et «gaucher» en espagnol à partir d’étymologies différentes.]

Référence


Bertrand, Pierre-Michel, 2011, Nouveau dictionnaire des gauchers, Paris, Imago.

Bonus 1: l’interruption d’une carrière


«En juillet 2000, alors que j’étais 5ème au classement mondial [des joueurs de tennis], je me suis cassé trois métacarpes de la main gauche au volley-ball; cet accident a été synonyme d’une descente aux enfers, aboutissant in fine à l’arrêt de ma carrière. Malgré l’opération et le fait que ce n’était pas ma main directrice, je ne m’en suis jamais vraiment remis. Ce traumatisme m’a fait perdre la représentation dans l’espace de ma main gauche, ce qui a complètement perturbé mon revers à une main, pour lequel tout le membre supérieur gauche joue un rôle de balancier et d’équilibration du geste. C’était très gênant aussi pour le lancer de balle au service, pour mon coup droit aussi, car je pointais la balle avec cette main gauche. Donc, tous mes coups s’étaient déréglés. Je ne sentais plus où était ma main et l’équilibre corporel global que je connaissais était rompu. Jusqu’à ce moment-là, je n’avais pas du tout conscience de l’importance de cette main gauche dans mon jeu.»
Cédric Pioline, 2023, «Le revers et la main», dans Dorian Chauvet (dirigé par), Histoires de nos mains en quatre-vingt-dix portraits étonnés, Le cherche midi, pages 235-236.

Bonus 2: le syndrome de la main étrangère


Par un étonnant hasard de calendrier, lemonde.fr a publié avant-hier 13 octobre, un long et troublant billet de blog de Marc Gozlan sur cette pathologie neurologique que les anglophones dénomment alien hand syndrome. Heureusement très rare, elle affecte majoritairement la main dominée, donc le plus souvent la gauche, qui vient perturber de manière incontrôlable les activités de la main dominante, donc le plus souvent la droite, suscitant des réactions telles que: «Mon bras était possédé par le diable», «Ma main gauche ne m’appartenait pas, elle appartenait à mon petit-fils», ou encore «Ma main était contrôlée par quelqu’un d’autre que moi, mes deux mains étaient toujours en conflit lors des tâches bimanuelles». Lire lemonde.fr.

Consulter aussi sur notre site
(à venir) fondationdutoucher.org/relire-bras-casse-dhenri-michaux-1973 Relire Bras cassé d’Henri Michaux 1973.