Pratique de respiration et de concentration, art martial, technique de soin ou encore de détection d’obstacles… les méthodes empiriques héritées de l’ésotérisme javanais préislamique, à présent laïcisées, contribuent aussi bien au système de santé qu’à l’entraînement des forces armées.

Geste d'un karateka détruisant de sa main un empilement de briques

L’Indonésie contemporaine a conservé de la tradition l’idée que «l’affinement des perceptions est […] un passage obligé vers une maîtrise de soi». Dans un article de la revue d’anthropologie Terrain (2007), Jean-Marc de Grave présente cette conception de nos systèmes sensoriels et les pratiques qui en découlent (pages 77-82), puis les convergences qu’on peut observer avec les travaux cognitivistes d’Alain Berthoz et de Jacques Ninio (pages 83-87). Il insiste notamment sur la parenté de la «force interne» (tenaga dalam en javanais) avec la proprioception, et sur l’«état de concentration particulier que l’on obtient en équilibrant les sens extérieurs Entre eux et avec le sens intérieur» (page 78).
L’auteur développe deux exemples frappants. D’un côté, une force interne «développée et une gestuelle maîtrisée permettent de briser les objets [en fonte, en béton…] avec une intervention réduite de l’impact physique entre le corps de l’exécutant et l’objet» (page 80). D’autre part, l’entraînement à percevoir les vibrations (getaran en javanais) produit «une forme de toucher à distance, sensible aux variations externes les plus infimes» (page 86): il est utilisé aussi bien pour des soins par «action sur les circuits énergétiques du corps» que pour la détection d’obstacles par les personnes aveugles.

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Photographie d’illustration: Stivy73 pour Pixabay.com