pratiquants de yoga penchés sur leur tapis

Richard Shusterman donne une présentation accessible de ce champ de recherche, qu’il définit ainsi: «étude critique et culture méliorative de notre expérience et de notre usage du corps vivant en tant que site d’appréciation sensorielle et de façonnement créateur de soi» (page 15).
Dans cet article de 2010, le philosophe de l’Université de Floride Atlantique propose quelques éléments de son ouvrage de 2007, traduit la même année par Nicolas Vieillescazes sous le titre Conscience du corps: pour une soma-esthétique, aux éditions de l’Éclat. Il se concentre sur la proprioception, c’est-à-dire la conscience de la position de notre corps et de ses parties.
Richard Shusterman inscrit d’abord sa démarche dans l’histoire de la philosophie: il rappelle qu’en 1750, «lorsqu’Alexander Baumgarten a fondé l’esthétique en tant que discipline moderne en dérivant son nom du mot grec aisthèsis (perception sensorielle), il avait le projet d’en faire une théorie générale de la connaissance sensorielle, et pas seulement la théorie limitée de l’art et de la beauté qu’elle est devenue» (pages 15-16). Il développe ensuite l’exemple du jeu théâtral, notamment dans les salles circulaires où les acteurs doivent anticiper l’image que le public aura d’eux aussi bien de face que de dos.
La soma-esthétique repose sur la thèse, essentielle pour l’AFONT, que «toute perception implique une forme d’action et vice versa» (page 17). Elle «entend explorer et raffermir notre comportement en élargissant sa part consciente et réfléchie (même s’il est certain qu’elle ne sera jamais majoritaire), afin de pouvoir améliorer nos perceptions et nos actes» (page 18).
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