Dans l’édition de Télérama du 02.06.2020, Valérie Lehoux signe un très riche dossier intitulé «Vivre sans contact» dans la version papier et, plus suggestivement, «Vivre sans contact, est-ce vivable?» sur le site internet.

distanciation socialeLe début de l’article principal, ainsi que le second encadré, documentent avec précision tout ce que nous fait provisoirement perdre la crise sanitaire.
On regrettera seulement que la fin de l’enquête et, notamment, les deux consultants interviewés privilégient la nostalgie et les ersatz, plutôt que des stratégies renouvelant un toucher salubre. Ils donnent ainsi le sentiment que nous devrions renoncer totalement et pour toujours à cette sensorialité.

Bernard Andrieu suggère: «si notre culture est très tactile, il existe d’autres moyens d’entrer en communication avec l’autre: nous pourrions revaloriser la force de la conversation, ou celle du regard». Les travaux recensés sur notre site montrent que «si notre culture est […] tactile», c’est le plus souvent de manière non consciente et selon des normes extrêmement restrictives. Tout prouve, au contraire, qu’elle survalorise déjà énormément Le regard.

Pire encore, Mathieu Potte-Bonneville, pourtant directeur du département culture et création du Centre Pompidou, se réfugie derrière une pirouette qui repose sur au moins deux lieux communs: «l’espace autour d’une sculpture […] fait partie intégrante de l’œuvre, qui parvient à nous toucher… sans qu’on la touche». Premier lieu commun, une variation sur le bon mot de Sacha Guitry, selon qui «le silence qui succède» à un morceau de Mozart «est encore de lui». Second lieu commun, jouer sur deux sens très éloignés du verbe toucher: celui de connaître sensoriellement et celui de frapper émotionnellement… (Concernant les fondements tactiles de la sculpture, nous renvoyons à nos deux articles «Prière de toucher»).
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Nous privilégierons la conclusion de Valérie Lehoux: «plus troublant encore en ces temps d’épidémie, un toucher de qualité permet de renforcer… le système immunitaire! «Ses effets sont d’ordre à la fois physiologique, bioélectrique et biochimique. Une activité vagale accrue […] réduit aussi le cortisol (l’hormone de stress négatif), préservant des cellules amies, dites tueuses naturelles, qui détruisent des cellules ennemies, virales, bactériennes et cancéreuses. Sans parler d’autres réactions chimiques, comme la libération d’ocytocine, l’hormone de l’amour, et de sérotonine, le neurotransmetteur qui réduit la douleur et la dépression.»
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Télérama.