Nous n’avons pas, à ce jour, trouvé d’article ethnographique autour des perceptions podotactiles. À défaut, l’AFONT propose un petit aperçu lexical, littéraire et télévisuel sur la famille du verbe fouler, la terre battue, le foulage du sarrasin et celui du raisin.
Le Grand Robert date le néologisme «podotactile» de 1997: «se dit d’un revêtement de sol dont la surface présente des aspérités servant de repères que les malvoyants peuvent reconnaître au toucher. Bande podotactile en bordure d’un quai de métro, d’un trottoir. Dalles podotactiles». Selon leur forme et leur position, ces aspérités peuvent avoir pour fonction l’ «éveil de vigilance» (en haut d’un escalier, par exemple) ou le «guidage» (à travers un espace vide, notamment). De telles installations témoignent de la sensibilité de nos pieds qui, comme celle de nos mains, interagit (le plus souvent sans que nous en ayons conscience) avec leur motricité.
Pour citer cet article:
AFONT (Association pour la FONdation du Toucher), 2023, «Tactilité du foulage et de la foulée», disponible sur http://fondationdutoucher.org/tactilite-du-foulage-et-de-la-foulee.
La vaste famille du verbe français fouler est issue de celle, également abondante, du nom latin fullo: dispositif d’apprêt, de nettoyage et de teinture des étoffes. Le Grand Robert précise que le foulage, action de fouler le drap à la main et/ou au pied, ou le foulonnage à la machine, est «destiné à resserrer et à enchevêtrer les fibres de la laine, et à donner ainsi de l’épaisseur, de la force et du moelleux au tissu». On a ensuite étendu le sens aux actions comparables effectuées sur les peaux (on dit également corroyer), les tiges végétales (on emploie aussi battre), les fruits (on utilise plus souvent presser) et les pâtes alimentaires (pour lesquelles on a préféré le verbe pétrir).
Ces premiers exemples montrent que fouler c’est d’abord «presser (quelque chose) en appuyant à plusieurs reprises, avec les mains, les pieds, un outil», et de manière parfois très délicate: le «fouloir de dentiste», par exemple, sert à «enfoncer l’amalgame, pour le plombage». C’est seulement dans un second temps qu’on a associé le mot aux pattes des autres animaux, puis aux membres inférieurs des humains, donc à des actions plus approximatives. Ainsi les foulées ont d’abord désigné les traces que le gibier laisse sur le sol, puis les parties horizontales des marches où on pose le pied, ensuite les appuis que le cheval prend sur le sol et les intervalles entre chaque appui, enfin les enjambées d’une personne marchant ou courant. De même, à côté de différents sens techniques, le nom foule a désigné un «endroit où l’on est foulé, pressé», puis un «ensemble de gens pressés»: on a d’ailleurs longtemps pu dire soit «il y a presse», soit «il y a foule».
Parallèlement, on a utilisé fouler, souvent spécifié en «fouler aux pieds», dans des contextes dévalorisants pour signifier piétiner «avec violence, colère ou mépris» une chose, une personne ou une idée. Fouler a été synonyme de «blesser, endommager, meurtrir», d’où le nom foulure, mais on a aussi pu parler de cheval foulé par une selle neuve ou de fruits foulés par le transport. À la forme pronominale, «se fouler la rate» a signifié se donner un point de côté et, ironiquement, «ne pas se la fouler» ou «ne pas se fouler», ne faire aucun effort.
Nous donnons ci-après trois exemples où le foulage au sens premier est décrit de manière tactile.
Terre battue: un foulage technique pour mieux fouler sans y penser
Dans Le Cheval d’orgueil (1975), le conteur et ethnographe franco-breton Pierre-Jakez Hélias (1914-1995) évoque ainsi ses souvenirs d’enfant bigouden du Finistère sud:
«[…] le sol de la maison a des trous si profonds qu’on s’y tord les chevilles. C’est un sol en terre battue. Je le connais d’un bout à l’autre. J’y suis tombé assez souvent, quand je commençais à marcher, à cause de ces maudits trous justement. Mais on ne se fait jamais grand mal sur la terre battue. Elle est froide, bien sûr, quand on s’assoit dessus les fesses nues, mais comme elle est facile à entretenir, comme elle commode à vivre! Nul besoin de nettoyer les sabots avant d’entrer. La boue que nous apportons sous nos semelles ne salit rien du tout. Ou elle s’amalgame au reste ou elle est balayée dehors, une fois sèche, à l’aide d’une branche de genêt. On jette sur le sol, sans aucune gêne, les os et les débris pour le chien quand on en a un. Le chat peut y renverser son lait sans s’attirer les foudres de la ménagère. Une bolée d’eau lave le tout et la terre ne s’en porte que mieux. Il faut la faire boire, que diable! Il me souvient même, à ma petite confusion, que je lui ai fourni de ma propre source, en mon tout jeune âge, quelques flaques de pissat dont une poignée de sciure de bois et un vigoureux coup de balai ont eu raison sans dommage pour l’argile à crapaud.
«Car cette terre dure, sur laquelle les gens vivent leur vie quotidienne à l’intérieur des maisons que je connais, porte le nom d’argile à crapaud, je ne sais trop pourquoi. Est-ce à cause de sa couleur grisâtre, de ses pustules caillouteuses, ou parce que l’animal en question se plaît à vivre dans la terre et les ténèbres alors que la grenouille préfère l’eau et le soleil ? Cherchez vous-même. Ce que je peux dire, c’est qu’il s’agit d’un mélange de sable, d’argile et de terre commune avec un peu de cendre quelquefois. Chaque chef de ménage a sa recette pour préparer son sol comme chaque cuisinière a la sienne pour faire son ragoût. Il arrive à l’un ou à l’autre de rater son coup et le sol tourne en poussière ou refuse de sécher. Une maison bien tenue se reconnaît à son sol plat et lisse, légèrement brillant et net. Assez souvent, ce sol est un peu inégal aux endroits où reposent les pieds des bancs et des chaises, les seaux, les marmites et la baratte. En somme, il s’use comme un vêtement ou un outil, selon le travail qu’on lui demande. On le rapetasse, de temps en temps, avec une bêchée de la même matière qui prend rapidement la couleur de l’ensemble. Mais on ne retrouve pas toujours la même argile ni le même sable exactement. Alors, on voit s’étaler par terre une mystérieuse mappemonde dont les continents noirs, gris ou jaunes, ne rappellent aucun pays connu.
«C’est pourquoi mon père s’attaque à refaire complètement le sol. Quelle aventure ! Il a fallu sortir tous les meubles, les replier de l’autre côté du couloir, lequel sera refait aussi pendant qu’on y est. La vieille terre battue a été piochée, chargée dans une petite brouette, emmenée au diable pour laisser la place à la nouvelle argile à crapaud dont le mélange est déjà grossièrement fait. Alors les sabots entrent en danse. Mes parents, les voisins appelés à l’aide, moi-même et mes camarades plus âgés, nous pétrissons avec nos pieds pendant une heure ou deux cette pâte ni trop dure ni trop molle, jusqu’à ce qu’elle devienne onctueuse et un peu élastique. Mon père en égalise la surface avec un gros pilon de bois et un drôle de petit rouleau qu’il a emprunté je ne sais où. […]»
Éditions Pocket, 1982, pages 69-71.
Dans cette région pauvre, la terre battue est faite d’«argile à crapaud», dont Hélias n’explique pas le nom, mais dont il donne la composition: «mélange de sable, d’argile et de terre commune avec un peu de cendre quelquefois». Dans les régions plus riches et pour les équipements collectifs (voirie, puis stades), on a très tôt utilisé le mâchefer, résidu de combustion du charbon, ou un «mélange de mâchefer et de sable aggloméré» qu’on appelait cendrée. Le Grand Robert indique qu’au 20ème siècle, «la cendrée» pouvait même désigner la piste de course en cendrée, jusqu’à la généralisation des revêtements synthétiques comme le tartan, le rubkor, etc.
Ce matériau a d’abord des propriétés tactiles. Une terre battue dégradée «a des trous si profonds qu’on s’y tord les chevilles», et le jeune Pierre-Jakez «y est tombé assez souvent, […] à cause de ces maudits trous justement». Réciproquement, «Une maison bien tenue se reconnaît à son sol plat et lisse», même si «assez souvent, ce sol est un peu inégal aux endroits où reposent les pieds des bancs et des chaises, les seaux, les marmites et la baratte». L’auteur recourt alors à deux comparaisons également tactiles: «en somme, il s’use comme un vêtement ou un outil, selon le travail qu’on lui demande». On peut, certes, «le rapetasser, de temps en temps, avec une bêchée de la même matière», mais refaire entièrement le sol a pour étape ultime d’«en égaliser la surface avec un gros pilon de bois et un drôle de petit rouleau».
Autre qualité tangible, «cette pâte» n’est «ni trop dure ni trop molle», et devient «onctueuse et un peu élastique»: c’est pourquoi «on ne se fait jamais grand mal sur la terre battue». Enfin, intérêt supérieur malicieusement développé par le texte, «il faut la faire boire, que diable!»: c’est pourquoi «elle est facile à entretenir» et «commode à vivre». Le Grand Robert prend le mâchefer comme exemple type de l’adjectif humidifuge, et définit ce matériau comme une «substance dure, spongieuse et humidifuge». C’est un peu plus aléatoire pour l’argile à crapaud qui, si elle est mal dosée, «tourne en poussière» ou, au contraire, «refuse de sécher». Mais quand le mélange est réussi, la boue «s’amalgame au reste ou est balayée dehors, une fois sèche». Selon le cas, tantôt «une bolée d’eau lave» le lait renversé «et la terre ne s’en porte que mieux», tantôt «une poignée de sciure de bois et un vigoureux coup de balai ont raison sans dommage» des fuites urinaires des enfants…
C’est donc seulement en seconde intention que le voisinage évalue du regard le sol «légèrement brillant et net» d’«une maison bien tenue», ou que l’enfant rêveur voit dans la terre battue rapetassée «une mystérieuse mappemonde dont les continents noirs, gris ou jaunes, ne rappellent aucun pays connu».
Fouler le sarrasin en Cornouaille dans les années 1920
Le sarrasin n’est pas une graminée et appartient à la même classe de plantes que l’oseille ou la rhubarbe, notamment; mais on l’a surnommé «blé sarrasin» ou «blé noir» en raison de la couleur de ses graines productrices de farine. Par contraste, la «moisson blanche» ci-dessous désigne celle du blé classique.
«On bat encore le blé noir au fléau alors que la moisson blanche se fait depuis longtemps à la batteuse. Il paraît que cela vaut mieux, que cela prépare le travail suivant qui est le foulage. Le foulage consiste à débarrasser le grain de la pellicule coriace qui le recouvre. Quand ce grain est parfaitement sec, on le met en tas. Les fouleurs se déchaussent. Ils tournent autour du tas en appuyant bien leurs pieds nus sur le grain qui se trouve au bord, et en leur imprimant un mouvement de frottement pour faire éclater la pellicule. À mesure qu’ils tournent, le grain dégringole des flancs du tas si bien qu’à la fin de l’opération il se trouve de nouveau étalé bien à plat mais décortiqué aux trois quarts. À coups de pelle, on le remet en tas et l’on recommence jusqu’à ce qu’on le juge complètement “déshabillé” prêt à être passé dans le tarare. Bien entendu, cela ne va pas sans quelque martyre pour la plante des pieds. Mais tous les fouleurs sont habitués à marcher sur leur cuir vivant. Et si quelquefois un garçon gâté par sa mère s’entête à ne pas le faire au printemps, on ne manque pas de lui dire dans les yeux: “Vous, petit chéri, on ne vous verra jamais fouler le blé noir!”»
[Note. Le «tarare» est un «appareil qui nettoie le blé en grains en le séparant de la balle, par ventilation» (Grand Robert).]
Éditions Pocket, 1982, pages 400-401.
Plus encore que la kinesthésie des «sabots [qui] entrent en danse» pour «pétrir» la terre battue (ci-dessus), cet extrait atteste la tactilité de «la pellicule coriace» du sarrasin, que les bigoudens foulaient «en appuyant bien leurs pieds nus sur le grain […] , et en leur imprimant un mouvement de frottement pour [la] faire éclater», non «sans quelque martyre pour la plante des pieds» et son «cuir vivant».
Fouler le raisin en Géorgie dans les années 2010
Avec la fausse naïveté qui est sa marque de fabrique, le journaliste Philippe Gougler témoigne des aléas sensoriels d’une autre pratique jadis répandue dans de nombreuses régions:
«–[journaliste] Oh dis donc c’est [rire] c’est vraiment à l’ancienne hein! Qu’est-ce que vous êtes… Pourquoi, pourquoi vous mettez le raisin là-dedans?
–[interviewé] C’est le pressoir géorgien traditionnel. Nous, on continue à le faire de la même manière que mon grand-père et que nos ancêtres. On ne change pas les traditions.
–[journaliste] Ah bon, vous allez presser le raisin… Mais comment ça marche? Vous allez presser le raisin là-dedans?
–[interviewé] C’est mon moment préféré des vendanges et, plutôt que de vous l’expliquer, je préférerais que vous nous aidiez.
–[journaliste] On a envie de mettre les doigts dedans!
–[interviewé] On pourrait y mettre les doigts, mais nous, on préfère presser avec les pieds. Alors, si ça vous dit, venez: on va les laver, c’est la tradition.
–[journaliste] OK.
[silence]
–(interviewé] Allez, faut y aller!
–[journaliste] [on lui apporte une chaise] Ah, merci!
–[interviewé] C’est l’eau de la montagne, elle est un peu froide, mais vous devriez survivre.
–[journaliste] Alors ça, c’est marrant!
–[interviewé] La partie la plus délicate, c’est un’ fois que vos pieds sont propres… [silence] Il vous faut de bons amis.
[rires]
–[interviewé] Allez, les gars, portez-moi!
–[journaliste] Le lift, l’ascenseur, le téléphérique pour pieds propres!
–[interviewé] Hop hop!
–[journaliste] Bravo!
–[interviewé] Hop hop hop!
[silence]
–[journaliste] Ah, c’est froid! ah dis donc! et alors, maintenant, l’ascenseur, vous allez y arriver? parce que moi, j’ai été élevé à la bonne nourriture française hein!
–[interviewé] T’inquiète pas, on est des gars de la montagne, on a l’habitude de porter.
[rire, silence, rire]
–[journaliste] Ah! Ah, quelle sensation! Ah mais c’est délicieux! Imaginez qu’on vous passe des petites boules très douces qui fondent entre les orteils et qui vous massent délicatement la plante des pieds. C’est délicieux!
–[interviewé] Moi aussi, j’adore, mais ne vous arrêtez pas, pressez avec vos pieds!
–[interviewé] Chaud devant! chaud devant!
–[interviewé] Le vin n’attend pas!
[paroles non traduites]
–[interviewé] Ah, c’est génial! c’est une super sensation!
–[journaliste] Comment vous la décririez, vous?
–[interviewé] Disons que c’est agréable euh, mais les raisins sont quand même un peu froids. C’est comme un massage pour les pieds, mais froid!
–[journaliste] Ça, ça, c’est vrai, et alors il faut euh, il faut se masser les pieds combien de temps comme ça?
–[interviewé] Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de raisins à écraser!
–[journaliste] Ça, c’est artisanal, ça! Y a rien à dire. Alors, en plus, alors, au bout d’un moment euh, y a beaucoup de jus de raisin autour des pieds, et donc vous avez plus l’impression de… de pédaler dans la soupe et… et on fait pas ça souvent dans la vie, de pédaler dans la soupe…
–[interviewé] Avec cette méthode, le vin est meilleur, parce que le raisin est pressé naturellement tout de suite après avoir été récolté.
–[journaliste] En revanche euh, ce qui se passe, c’est qu’au bout d’un moment, (rire) le… le raisin est quand même froid, donc le jus est froid, et donc vous avez les pieds gelés!
–[interviewé] Eh ben, c’est le moment de sortir!
–[journaliste] Comment on fait pour sortir? On en… on en met partout?
–[interviewé] Ben ouais, c’est comme ça.
–[journaliste] Ah OK, d’accord, bon ben… Je suis pas mécontent de sortir. En fait, c’est très agréable au début, et à la fin on est gelé!
–[voix off] Le jus de raisin bien frais et pressé aux pieds propres s’écoule dans de grandes jarres enterrées. C’est là que le vin vieillira, et c’est aussi ce qui fait la spécificité des vins géorgiens.»
«Des trains pas comme les autres», France 5
Au-delà du discours attendu sur «le vin meilleur» grâce à la pratique «à l’ancienne», «de la même manière que mon grand-père et que nos ancêtres», l’enregistrement met d’abord en valeur les émotions partagées que suscite le foulage:
–«c’est mon moment préféré», «moi aussi, j’adore!», «ah, c’est génial! c’est une super sensation!», «c’est agréable», pour les interviewés;
–«on a envie», «c’est marrant», «ah, quelle sensation! ah mais c’est délicieux! […] c’est délicieux», «c’est très agréable», pour le journaliste.
Ce plaisir est pimenté par la surprise kinesthésique de devoir être porté à bras d’hommes jusque dans le pressoir: «le lift, l’ascenseur, le téléphérique pour pieds propres». Il est mis en relief par la température inconfortable qui l’accompagne: minimisée par les interviewés qui répètent «un peu froid», et maximisé par le journaliste qui s’exclame d’abord «ah, c’est froid! ah dis donc!», puis mentionne le «froid» à deux autres reprises avant de passer d’une sensation limitée («vous avez les pieds gelés») à une saisie globale («on est gelé»).
La singularité sensorielle de l’expérience réside dans la texture des «petites boules très douces qui fondent entre les orteils». Pour le journaliste, elle rend concrète l’expression humoristique «de… de pédaler dans la soupe et… et on fait pas ça souvent dans la vie, de pédaler dans la soupe». Pour tous les participants, elle donne lieu à la métaphore du «massage», qui semble contredite par la consigne de rester en mouvement: «ne vous arrêtez pas, pressez avec vos pieds». On peut supposer que c’est le poids du corps immobile qui crée le sentiment que les grains «vous massent délicatement la plante des pieds», mais la sensation est tellement particulière que, même en étant actif, fouler les raisins équivaut à «se masser les pieds».
<H2<Références
Boero, Nicolas, et Gougler, Philippe, 2020, «Géorgie», Des trains pas comme les autres 10(5), Step by step productions.
Hélias, Pierre-Jakez, 1975, Le Cheval d’orgueil, Pocket, 1982, pages 69-71 et 400-401.
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Photographie d’illustration: alexfragoso et mitch256 pour Pixabay.com
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