En 2008, dans la Revue médicale suisse, Gürkan Kaya présentait une synthèse parfois technique, mais souvent compréhensible, sur cette «insuffisance cutanée chronique» liée à l’âge. Alors «syndrome émergent», elle est désormais un lieu commun des sites médicaux. Focus.
Les campagnes publiques de prévention brodent régulièrement autour du thème «les coups de soleil d’aujourd’hui sont les risques de cancer de demain». Mais la frénésie du bronzage présente au moins un autre risque: l’aggravation de «la perte des fonctions mécaniques protectrices de la peau» et de sa fragilité, qu’«on observe chez 20-40% de la population âgée de 70 à 90 ans». La peau perd jusqu’à la moitié de son épaisseur : «d’environ 1,45 mm pour un sujet normal à environ 0,75 mm». Il se produit des «lacérations dermiques spontanées», ou «pseudo-cicatrices stellaires» (en forme d’étoile), souvent accompagnées de «purpura sénile», taches rouge foncé puis brunâtres dues à de «petites hémorragies au niveau du derme».
Quand la maladie évolue, «on observe de petites lacérations cutanées localisées, lesquelles résultent d’un clivage entre le derme et l’épiderme». Au dernier stade ou dans les formes aiguës, apparaissent des «hématomes cutanés disséquants, constituant une urgence médicale et nécessitant une hospitalisation»: «au moindre choc, un saignement peut se produire, se loger entre le derme et l’hypoderme ou entre l’hypoderme et le fascia musculaire et, en disséquant ces deux plans, priver les zones concernées de leur vascularisation, provoquant une nécrose. Il faut alors évacuer immédiatement l’hématome et le tissu nécrotique afin d’éviter une extension des dommages cutanés».
[Note. Le fascia est la bande de tissu conjonctif enveloppant et maintenant un muscle ou un organe.]
Gürkan Kaya rappelle qu’à l’état normal, «le collagène et les fibres élastiques sont responsables de l’élasticité de la peau, tandis que l’acide hyaluronique détermine sa viscosité. Ainsi la visco-élasticité de la peau permet d’absorber les contraintes mécaniques qu’elle subit en dissipant l’énergie absorbée tout en reprenant sa structure initiale». Or l’allongement de la vie entraîne «des fractures des fibres de collagène et une diminution de l’acide hyaluronique, dont la principale conséquence est une perte progressive de cette propriété essentielle de la peau qu’est sa visco-élasticité».
Il est probable «qu’une prédisposition génétique est souvent à l’origine de la dermatoporose [dite] primaire», et il a été constaté que la forme dite secondaire «est due au traitement à long terme de corticostéroïdes». L’auteur insiste cependant sur l’importance du facteur solaire. Ainsi, «l’atrophie cutanée est observée principalement dans les zones exposées au soleil, en particulier la partie postérieure des avant-bras et les zones prétibiales» (sur le devant des jambes). De même, les pseudo-cicatrices «siègent principalement sur le dos des mains et les avant-bras».
Pour conclure provisoirement, nous soulignerons que, comme souvent en médecine, le point de vue est exclusivement physiologique, et que rien n’est dit d’éventuelles sensations douloureuses ou d’autres perturbations de la sensibilité tactile. Or les zones concernées (devant des jambes, dessus des mains et des avant-bras) sont aussi les lieux privilégiés du «toucher affectif» (lire notre article Des caresses qui soignent).
Lire l’article sur le site de la Revue médicale suisse.
Photographie d’illustration: JuanCarlosPalauDiaz pour Pixabay.com
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