Nous n’avons pas visité cette exposition, en cours jusqu’au 12 août 2024 au Centre Pompidou (Paris). Mais la présentation de Xavier de Jarcy sur telerama.fr laisse augurer qu’elle suscite la réflexion, voire l’admiration, quant aux rapports du corps à l’environnement.

 

De dos, une petite fille est en train de grimper dans une maison de jeux pour enfants. On ne distingue que l'entrée de la maison qui est une ouverture dans des panneaux de bois de couleurs vives (jaune en haut, rouge en dessous, chambranle de la porte en vert). La montée se fait par une échelle fixe et inclinée en rondins de bois presque bruts, donc inégaux, et tenus par de grosses vis. La petite, d'une dizaine d'années, monte presque à quatre pattes en se tenant avec les bras sur le cran du dessus, les jambes sur celui du bas.

 

Depuis le 25 avril, «à travers une centaine de pièces, le Centre Pompidou retrace une partie de l’histoire du design du 20e siècle, par le prisme du mobilier pour enfants». Comme l’écrit le site du musée, «loin d’être la miniaturisation d’objets de mobilier pour adultes, le mobilier pour enfants acquiert rapidement une réelle autonomie et se dote d’une spécificité propre». «Un immense jeu de cubes occupe le niveau 1 du Centre Pompidou. Chacun forme une alcôve, abritant meubles et objets, posés sur des socles, sur un fond le plus souvent blanc, comme des œuvres d’art».

À l’école

Les designers «ont d’abord cherché à inventer un mobilier répondant à la massification de l’éducation. Dans l’esprit du mouvement moderne né dans les années 1920, qui promeut la série et la norme, leur principale préoccupation […] est de faire pratique, solide et bon marché. Le tube de métal et le contreplaqué se généralisent». On pourrait en redouter le poids pour de jeunes muscles et des peaux tendres; mais, notamment «dans la France de l’après-guerre, règne l’aménagement des salles de classe “en couloir d’autobus”, pour des élèves bien sages écoutant un cours magistral».
Le mobilier scolaire peut refléter d’autres pédagogies. Ainsi, en Allemagne, «la chaise pivotante mise au point par Adam Stegner en 1946 encourage l’enfant à bouger et à se tourner vers ses camarades assis autour de tables polygonales». «Plus récemment, dans les années 2020, Stéphanie Marin, s’inspirant de la méthode Freinet qui favorise l’expérimentation, invite les écoliers à construire eux-mêmes une salle de classe sur mesure. Ses tables, ses étagères, sont composées d’éléments en bois et en liège qui s’assemblent sans vis ni colle».

À la maison

«C’est seulement après 1945, et avec la production en masse de logements destinés à répondre au baby-boom, que se généralisent les appartements de trois pièces et plus, avec des chambres aux surfaces minimales normalisées: 9 mètres carrés dans les HLM, et 7 mètres seulement pour la quatrième pièce des logements dits “très sociaux”. Mais, dans le même temps, «l’automobile commence à chasser les enfants de la rue. Si bien équipée soit-elle, une chambre ne peut compenser cette perte».
Au début des années 1960, «le plastique permet toutes les fantaisies: chaises empilables comme des briques de Lego, berceau-fleur, lampe gonflable, immense jeu de construction en blocs de mousse». «Les Scandinaves proposent des tabourets-toupies et des fauteuils-voitures à roulettes». Par-delà, «en 1971, Bruno Munari invente un “habitacle” (l’Abitacolo) en fil d’acier, à la fois lit, bureau, support pour acrobaties et bibliothèque».

  • «L’enfance du design. Un siècle de mobilier pour enfant», jusqu’au 12 août 2024 au Centre Pompidou.
  • Catalogue, éditions Centre Pompidou, 120 pages, 25 €.

Référence

Jarcy, Xavier de, 2024, “L’enfance du design” au Centre Pompidou: les plus grands designers au service des plus petits», telerama.fr 22.05.2024.

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Photographie d’illustration: Counselling pour Pixabay.com