Pour le verbe vibrer, aucun des principaux dictionnaires français ne propose la définition: faire ressentir, sur la peau ou dans l’intérieur du corps, une série d’impacts légers et rapprochés. Ce sens très fréquent est pourtant manifeste depuis 1762. Démonstration.

 

Une jeune femme joue du violoncelle en pleine rue. De face, elle a les yeux fermés et le visage très légèrement crispé dans son ressenti de l'instrument. La tête inclinée, sa joue et son oreille touchent presque le haut du manche et sa main gauche placée sur les cordes. Elle est habillée en tenue décontractée (débardeur à rayures et jeans noir, baskets montantes) et est coiffée d'une tresse.

 

Notre site http://fondationdutoucher.org montre régulièrement à quel point il est à la fois trompeur et dommageable de mettre en inconscience les habiletés perceptives du tact. Au fil de ses recherches, Bertrand Verine a rencontré plusieurs exemples de cet oubli jusque dans les définitions de certains mots par les dictionnaires. C’est notamment le cas pour la famille du verbe vibrer, sur laquelle il a présenté, en 2021, une communication au colloque La Perception et le vivant, qui vient de paraître dans un recueil collectif aux éditions du CIPA. En voici une synthèse illustrée.

La vibration comme propriété tactile

Percevoir les vibrations fait partie des capacités reconnues au sens du toucher. Les neurobiologistes ont identifié les canaux spécifiques de transmission des signaux vibrotactiles (fibres nerveuses A bêta) et leurs mécanorécepteurs principaux (corpuscules de Pacini), présents non seulement dans le tissu sous-cutané, mais dans les membranes inter-osseuses et le mésentère (repli du péritoine qui relie l’intestin à la paroi abdominale, ce qui explique la sensation de percevoir certaines vibrations par le ventre). Ces phénomènes font actuellement l’objet de plusieurs programmes de recherche (lire par exemple notre article Jouer avec des vibrations pour apprivoiser les angoisses de l’anorexie mentale).
Or, malgré ces éléments de réalité, les principaux dictionnaires d’usage ne font aucune allusion à ce sens. Observons par exemple l’article du Grand Robert en ligne:

«Vibrer. 1 Se mouvoir périodiquement autour de sa position d’équilibre ; produire des vibrations ou être en vibration. Corde, plaque, membrane qui vibre. […] Spécialement. Donner l’impression de trembler (en parlant de ce qu’on voit). Image qui vibre dans l’air chaud. 2. (Début 19e, en parlant d’un son). Être perçu, ressenti avec force. Son, écho… qui vibre aux oreilles. Retentir. — Spécialement. (Voix humaine). Avoir une sonorité tremblée, chevroter (vieux), ou exprimer une émotion intense par le tremblement des sons. […] 3 (19e). Figuré. (Personnes). Réagir à une émotion par une sorte de tremblement affectif. […]»

Comme attendu, l’acception 2 concerne expressément le son ou la voix, et la définition physique de l’acception 1 est illustrée par des exemples (non reproduits ci-dessus)) qui sollicitent intuitivement la perception auditive, tels que le diapason, la cloche, la vitre ou l’insecte. Il paraît en revanche légitime de s’étonner que les contextes où la vibration «donne l’impression» d’être perçue par la vue soient présentés comme une application particulière de cette première acception, tandis que rien n’est suggéré du potentiel tangible du fil de fer, du plancher ou du bateau qui vibrent.
Et pourtant… Dès le second emploi du mot par un texte écrit en français, on peut lire:

[1] «En posant une main sur le corps d’un violoncelle, on peut sans le secours des yeux ni des oreilles distinguer à la seule manière dont le bois vibre et frémit si le son qu’il rend est grave ou aigu, s’il est tiré de la chanterelle ou du bourdon.» [Rousseau, Émile ou de l’éducation, 1762]

La perception tactile du phénomène vibratoire est d’abord marquée positivement par «en posant une main sur le corps», puis a contrario par «sans le secours des yeux ni des oreilles». Elle est ensuite mise en saillance par «la seule manière» et enfin redoublée par «frémit». Pour tenter de comprendre le manque de ce sens dans les dictionnaires, j’ai relevé l’ensemble des emplois de cette famille lexicale dans la base informatique Frantext, qui permet de consulter la majorité des textes publiés en français depuis le 16ème siècle.
Un simple sondage suffit pour constater que le nom vibration apparaît fréquemment dans des emplois techniques correspondant au sens 1 de vibrer dans le Robert,, et l’adjectif vibrant dans des emplois émotionnels correspondant au sens 3. Le plus souvent, ces deux mots n’impliquent donc pas la sensorialité. C’est pourquoi j’ai décidé de restreindre mon étude aux 1962 emplois des formes conjuguées les plus courantes du verbe vibrer.

Répartition et évolution des sens de vibrer

L’observation de ces 1962 occurrences révèle d’abord qu’il s’agit d’un néologisme, apparu à l’écrit en 1754, mais devenu d’usage tout à fait courant au siècle suivant. Son plus grand nombre d’emplois date des années 1926-1950, ce qui s’explique par la cohabitation des trois sens définis par le Robert et de celui que je propose de leur ajouter. La baisse amorcée au milieu du 20ème siècle et qui s’accentue actuellement correspond à une diminution des emplois émotionnels (sens 3), que ne compense pas (ou pas encore) la croissance des acceptions auditives et/ou tactiles. De fait, on rencontre de moins en moins d’exemples tels que celui donné par le Robert: «Il faut rire et pleurer, aimer, travailler, jouir et souffrir, enfin vibrer autant que possible dans toute son étendue. Voilà, je crois, le vrai humain » (Flaubert, Correspondance, 27.11.1866).
Les contextes où vibrer implique le toucher représentent 20,59% du total (404 occurrences sur 1962), et leur fréquence augmente notablement depuis un siècle. Elle reste entre 10 et 20% jusqu’en 1950, mais représente autour d’un quart des attestations entre 1951 et l’an 2000, et dépasse le tiers depuis 2001. La proportion commence même à augmenter dès les années 1926, alors que cette période est celle du total général le plus élevé. Dès lors, j’ai cherché si des sous-catégories pouvaient être distinguées parmi les contextes de ces 404 emplois sollicitant manifestement le toucher.

Infrastructures lourdes

La catégorie la plus fréquente associe la perception vibrotactile aux sols naturels ou construits, aux parois d’abris ou de véhicules, aux engins motorisés, etc. Elle regroupe 126 emplois où la vibration provient de cataclysmes météorologiques (exemple 2), de machines (exemple 3) ou d’armes de guerre (exemple 4):

[2] «Toujours les grands trous d’eau qui se creusaient, tout béants, partout; on s’y sentait jeté, tête baissée, dans la nuit profonde. Et puis une force vous heurtait d’une poussée brutale, vous relançait très haut en l’air, et toute la Médée vibrait, en ressautant, comme un monstrueux tambour.» [Loti, Mon frère Yves, 1883]
[3] «Tout tremblait dans l’immense édifice et soi-même des pieds aux oreilles possédé par le tremblement, il en venait des vitres et du plancher et de la ferraille, des secousses, vibré de haut en bas. On en devenait machine aussi soi-même à force et de toute sa viande encore tremblotante dans ce bruit de rage énorme qui vous prenait le dedans et le tour de la tête et plus bas vous agitant les tripes et remontait aux yeux par petits coups précipités, infinis, inlassables.» [Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932]
[4] «Il était à peine à mi-chemin du fortin qu’un puissant ronflement de moteurs se mit à fouir, à tarauder la forêt de tous les côtés à la fois, avec le sans-gêne d’une troupe de rabatteurs entrant dans un fourré, et le toit brusquement entra en transe dans un énorme tapage de bombes et de mitrailleuses. Grange demeura un moment stupide : la forêt vibrait comme une rue secouée par le vacarme d’une perforatrice ; il se sentait giflé, bousculé, par la trépidation véhémente, incompréhensible, qui entrait en lui à la fois par la plante des pieds et par les oreilles.» [Gracq, Un balcon en forêt, 1958]

Dans ce dernier extrait, la perception est d’abord auditive («ronflement, tapage»), et le toucher métaphorique («fouir, tarauder»). Puis la composante tangible s’affirme avec «il se sentait giflé, bousculé, par la trépidation», et deux expressions combinent les systèmes sensoriels («secouée par le vacarme», «à la fois par la plante des pieds et par les oreilles»).

Musicalité

Cette catégorie, illustrée par le violoncelle de Rousseau dans l’exemple 1, inclut les 56 cas où la voix humaine n’est pas uniquement perçue par l’ouïe (exemple 5), ainsi que les contextes où l’appel téléphonique n’est pas (ou pas seulement) entendu, mais senti, comme le souligne le verbe chatouiller dans l’exemple 6:

[5, à propos d’ouvriers italiens jouant aux cartes] […] ils rugissent de leurs gosiers énormes: «Tchinnquoué! Dou-é! Quouattro!» Le plafond sursaute. Les vitres tremblent, elles tremblent pour de bon, quand nous autres mômes on passe dans la rue ça nous vibre dans la tête, les murs font écho, toute la rue résonne comme un gros mirliton.» [Cavanna, Les ritals, 1978]
[6] «En descendant le petit escalier de bois, son portable vibra dans sa poche arrière comme un grillon nerveux lui chatouillant la peau.» [Vargas, Un lieu incertain, 2008]

Super-structures légères

Par contraste avec les deux premiers ensembles, dans 43 cas, la vibration est transmise par une lame, une tubulure ou un cordage autres que ceux des instruments de musique, comme dans l’exemple 7 où la tactilité est doublement marquée par «presse ses deux mains» et «colle ses pieds joints»:

[7] «Le jeune homme, à ces mots, dans une horrible transe, / Prend son fils sous l’aisselle, à la corde s’élance, / La presse des deux mains en renversant le front, / Y colle ses pieds joints comme un pasteur au tronc, / Et sous le double poids dont cette échelle vibre, / En ménage avec soin l’ondoyant équilibre.» [Lamartine, La Chute d’un ange, 1838]

Divers

Cette catégorie rassemble les 61 contextes dans lesquels des facteurs moins fréquents entrent en jeu, à l’instar de l’«air» dans l’exemple 8, mais aussi ceux où il n’est pas possible de trancher entre différents paramètres, comme l’exemple 9:

[8] «La grotte Chauvet fut découverte grâce à un minuscule courant d’air qui s’échappait de ses entrailles. Car c’est une infime exhalaison de la falaise qui révéla ce berceau de l’humanité. Pour la sentir, il fallait approcher son visage ou sa main de la roche et percevoir sur sa peau le filet d’émotion qui vibrait dans l’air ambiant. Il fallait recueillir ce murmure qui, vingt mille ans durant, s’était évaporé dans le silence sans que personne le remarque.» [Bouillier, Le Dossier M, livre II, 2018]
[9] «Nouvelle sensation au pédalage. Dans la montagne, où le froid d’hiver mord et où l’été ramollit le goudron, la route est à gros grains sombres: un béluga qui vous anime de trépidations minuscules, qui vous engourdit le périnée, qui, peu à peu, à travers les gants, vous fourmille les mains. Dans la descente, le grain vous remonte de chaque côté de la colonne vertébrale, jusqu’aux épaules, où il vibre en phase avec les bras, les paumes.» [Fournel, Besoin de vélo, 2001]

Ici, les «grains» de la route (infrastructure) interagissent avec le «pédalage» (superstructure du vélo) et avec la position du cycliste («dans la descente») pour transmettre à tout le corps les «trépidations», qui le font s’«engourdir, fourmiller, vibrer».

 

En gros plan sur fond noir, une corde très tendue dont le centre est en train de se dénuder. Les fils de revêtement rouge s'effilochent de part et d'autre, laissant apparaître au centre une partie de l'élastique interne.

 

Vibration du vivant

Dans tous les cas précédents, le narrateur ou le personnage qui ressent la perception vibrotactile peut rester relativement implicite et être mentionné très en amont ou très en aval du texte. On ne rencontre que 27 cas où il est explicité par un complément de lieu contigu au verbe. Il peut alors être désigné dans sa globalité par des formes telles que «sous moi» (deux occurrences), «sous les hommes», «en nous», «à travers le corps» ou «jusqu’aux racines». Plus souvent, une partie anatomique indique la voie de transmission du phénomène: «contre le flanc», «dans les estomacs», contre ou dans la «poitrine» (trois fois), «dans la tête» (à deux reprises) ou «sous les tempes». Comme attendu, ce sont les extrémités qui s’avèrent les plus sollicitées, parce que l’action les met fréquemment en contact avec l’environnement: «pieds» (quatre fois), «talons», «paumes», «mains» (en deux occasions) ou «doigts» (à trois reprises). En voici deux exemples moins habituels:

[10] «Cela me faisait mal, mais j’y trouvais aussi un certain plaisir, épiant cette toux qui, à chaque accès, devenait plus profonde et me vibrait presque jusqu’aux entrailles.» [Leiris, L’Âge d’homme, 1939]
[11] «Je suis rien qu’une carcasse sèche, brûlante, qui crépite mille fois de partout. Je me fais l’effet d’une botte de mauvaises herbes sur le point de cramer… La couenne totale m’en vibre. J’ai l’impression de m’entendre crisser par toutes les cellules.» [Degaudenzi, Zone, 1987, à propos de l’état de manque alcoolique]

Avec la «toux» et la «couenne», ces deux emplois attestent en position de support de la vibration un phénomène organique ou la totalité d’un corps vivant. Ils illustrent donc la seconde catégorie en termes quantitatifs: celle des 118 occurrences où le foyer de perception sent tactilement vibrer tout ou partie d’une autre chair, animale dans 16 cas, humaine dans 76 autres, ou aussi la sienne propre à 26 reprises. La majorité de ces contextes représentent un effort moteur dans sa tension maximale, comme le détaille l’exemple 12, mais il faut également souligner les cas symétriques, comme l’exemple 13, où l’épuisement des forces empêche de contrôler les mouvements:

[12, pendant une partie de tennis] «Tout ce que son corps compte de nœuds, d’articulations et de cartilages, où s’amassent des flux comprimés, s’éveille maintenant et vibre.» (Kristeva, Les Samouraïs, 1990]
[13, pendant l’évacuation des camps nazis par les SS] «Je tremblais. Je sentais la peau de mes cuisses se hérisser; ma mâchoire vibrait, je ne tenais plus par terre; si l’on m’avait poussé, je serais tombé; si j’avais couru, je serais tombé.» [Antelme, L’Espèce humaine, 1947]

Enfin, une série particulière est constituée par les 22 contextes de plaisir érotique. Quatre auteurs récents désignent alors comme supports des lieux précis de la zone pelvienne mais, que ce soit par retenue ou pour suggérer le sentiment de plénitude, une proportion plus massive que dans les autres situations choisit pour support le corps entier, un nom propre, comme »J.», ou un pronom personnel, comme «moi» dans la phrase suivante du même exemple, ou «j’» dans l’exemple 15:

[14] «Passons, passons, ces choses-là n’ont rien que de très courant, mais, écrites, on les qualifie de pornographiques. […] Le principal, c’est que J… vibre et elle y parvient. Moi de même.» [Fallet, Carnets de jeunesse, 1947]
[15] «[…] sa main tout à l’heure, très timide bien qu’habile, m’a prise et caressée. J’en ai vibré par deux fois, et elle a soupiré croyant me décevoir.» [Havet, Journal 1918-1919]

Conclusion

Ces quelques exemples montrent que la perception tactile de la vibration, attestée en discours dès les premiers emplois du mot, et de plus en plus fréquemment dans les dernières décennies, peut tantôt s’associer à la perception auditive du phénomène, tantôt apparaître seule. Sa non prise en compte dans les dictionnaires d’usage est donc symptomatique d’une tendance beaucoup plus générale à minorer, voire à impliciter le toucher dans la sensorialité humaine. Faire pièce à de tels impensés n’est pas seulement nécessaire à l’exactitude lexicographique, car la pandémie de covid-19 a révélé l’intérêt sociétal qu’il y aurait à remettre en pleine conscience et à cultiver la subtilité de l’ensemble des perceptions tactiles (lire par exemple sur notre site Ne pas rediaboliser le toucher mais le rendre conscient).

Bonus 1: développement d’une perception vibrotactile

[Rafael, douze ans, perché sur un cheval, ressent la mise en branle d’un troupeau de bovins dans la pampa argentine.]
«Alors il a l’impression qu’un bloc énorme, à la fois unique et désordonné, se met en mouvement près de lui, faisant palpiter la terre qu’il écrase et le ciel au-dessus de lui, et les vaches meuglent à voix basse, et l’air tremble d’un coup. Quatre cents sabots, tels des tambours de guerre laminant le sol d’une marche pesante, et les vibrations montent dans les paturons des chevaux, agrippent les talons et les jambes des frères comme une fourmilière immense. Rafael met une main sur son ventre et tord sa chemise. Chaque fois la résonance est si forte qu’il en flageole, les entrailles secouées au point qu’il craint qu’elles se déversent au dehors, alors il appuie, fort, le temps de retrouver l’habitude, le corps frémissant du long piétinement, une fièvre étrange courant le long de son dos.»
[Sandrine Collette, Il reste la poussière, 2016, Denoël, pages 46-47.]

Bonus 2: un usage futuriste de la vibration

[Mathieu Bassée est «brodeur architectural», c’est-à-dire qu’il transpose l’esthétique et les techniques de la broderie dans la conception d’aménagements d’intérieurs, comme ici des cloisons. Il travaille souvent d’autres matériaux que le fil et le tissu: plastique, métal, verre, etc.]
«Un paquebot, c’est finalement un immeuble qui bouge. Donc euh la matière [des claustras] doit être souple, parce qu’elle doit pouvoir se déformer en fonction des grands mouvements du paquebot. D’où les joints en cuir, qui donnent de la souplesse et qui en plus permettent à l’écran de suivre la forme du bateau, qui est quasiment tout le temps courbe. Et donc y’a une déformation dans les grands mouvements. Et puis y’a un truc qu’on a découvert quand on a travaillé sur ce projet, qui est propre aux paquebots, qui sont les micro-vibrations.
«Une micro-vibration, c’est une fréquence, c’est une onde qui est générée par les méga-moteurs qui sont dans le navire et qui (un petit peu comme l’onde que produit la Castafiore quand elle chante) peuvent faire casser des matières, peuvent desceller des vis, ce genre de choses. Faut trouver une solution pour contrer ça, parce que ça peut être vraiment dévastateur. C’est un projet qui est accroché au plafond du paquebot, euh qui fait trois cents mètres carrés en tout, et réparti sur trois écrans, et cetera.
«Donc là, on a… produit une solution : il se trouve que, en fait, pour réussir à installer ce projet dans le paquebot, nos modules, on les rassemble sous forme de grands carrés qui font un mètre carré à peu près, des panneaux, on va dire, et ces panneaux, on vient les attacher sur des câbles qui sont tendus dans des espèces d’immenses cadres, et en fait, quand on prend les cadres et qu’on imagine les câbles, en fait, on a créé une harpe, à ce moment-là.
«Et quand on constate ça avec les bureaux d’études d’ingénieurs avec qui on discute, on se rend compte qu’en fait, on a une solution (assez étonnante, mais on a une solution quand même), c’est que cette harpe, on peut la faire vibrer à la fréquence inverse de l’onde… sidérale, pour l’appeler comme ça. Et donc qu’est-ce qu’on fait ? En fait, l’ingénierie de ce projet, ça consiste à tendre les câbles à une certaine tension qui fait que, lorsque l’onde dangereuse rentre dans la matière, la vibration des câbles crée la contre-onde et, donc, l’annule.»
[Mathieu Bassée au micro de Raphaëlle Le Baud pour Le Craft Project 72, 25.10.2022.]

Référence

Verine, Bertrand, 2024, «Vibrer: de quelques accidents historiques dans la recherche sur les perceptions», dans Fabrice Marsac et al. (éd.), Perception, langue et discours. Actes du colloque PerceptiO: la perception et le vivant, 17-20 novembre 2021. Tome 1, Mons, éditions du CIPA, pages 101-114 (collection Recherches en parole, 4).

Écouter l’entretien complet de Mathieu Bassée sur thecraftproject.fr.

Image d’illustration: Surprising_SnapShots  et Moritz320 pour pixabay.com