Membre fondateur de l’AFONT, Vincent Hayward, né le 05.01.1955 , est décédé le 10.05.2023. Nous lui rendons hommage grâce aux éléments fournis par l’Académie des sciences, et renvoyons à nos articles Le toucher virtuel à portée de main et Vincent Hayward: le toucher.

 

Un smartphone posé à plat sur une table. Sur l'écran, la surface d'un lac. Une barque avec rames mais sans passager est sortie de l'écran et apparaît en relief pour voguer sur la surface d'eau virtuelle.

 

 

Ingénieur diplômé de l’École Centrale de Nantes en 1978, puis docteur de l’Université de Paris XI Orsay en 1981, Vincent Hayward a effectué la moitié de sa carrière à l’Université McGill de Montréal (1986-2010), avant d’intégrer progressivement, à partir de 2007, l’Institut des Systèmes Intelligents et de Robotique de Sorbonne Université. Dans ses différents postes, il a co-coordonné sept projets européens et de nombreux projets nationaux au Canada puis en France, et formé une centaine de chercheurs maintenant actifs dans le monde académique et dans le monde industriel de l’haptique et du toucher.
Il a été l’un des pères fondateurs de l’haptique, un domaine dont les applications vont des dispositifs à retour d’effort pour la réalité virtuelle jusqu’aux écrans tactiles de nos téléphones portables. Sa connaissance approfondie des bases neurales de la perception tactile et la mise au point de tests psychophysiques originaux lui ont permis de démontrer les multiples aspects de cette perception en renouvelant la compréhension de ses propriétés cognitives fondamentales.

Des machines aux hommes, et non l’inverse

Des années 1980 aux années 2000, Vincent Hayward poursuivit des recherches sur la programmation des robots manipulateurs, leur conception mécanique, leur actionnement et leurs applications (robotique spatiale, maintenance des lignes haute-tension).
Au début des années 1990, il s’intéressa à l’accessibilité des ordinateurs pour les personnes en situation de handicap visuel et mit au point un mécanisme d’interaction à retour d’effort qui fut l’un des tout premiers dispositifs de ce type. Il devint ainsi l’un des fondateurs du domaine de recherche des interfaces dites «haptiques», dont les applications se répandirent dans de nombreux autres domaines. Car Vincent Hayward était aussi un expert du transfert vers les applications, avec pas moins de 38 brevets et la création de quatre start-up.
Ces travaux le conduisirent à approfondir ses études sur la perception haptique chez l’humain qui, en traitant les signaux issus de la peau, des muscles, et des tendons, permettent aux personnes d’appréhender leur monde mécanique. À partir de 2007, il posa les bases d’une théorie expliquant le fonctionnement du toucher basée sur une connaissance approfondie de la biomécanique, de la bio-tribologie et de l’architecture neuronale du système somato-sensoriel des mammifères. Parmi ses nombreux titres, il fut «Professeur de Perception Tactile et Technologies» à la School of Advanced Study de l’Université de Londres en 2017–2018.
Vincent Hayward avait été élu membre de l’Académie des sciences, le 19.03.2020, dans la section Sciences mécaniques et informatiques, et dans l’Inter-section des applications des sciences.

Des accidents techniques ne nous ont pas permis de garder trace des deux conférences qu’il avait généreusement données à l’AFONT le 30.11.2019 et le 18.05.2021; mais chacun peut réécouter sa diction précipitée, son ton chaleureux et la finesse de ses explications sur France Culture.

Lire sur le site de l’Académie des sciences sa biographie détaillée et un entretien, ainsi qu’un portrait plus intime sur le site de l’INRIA.

Photographie d’illustration: mhbd971 pour Pixabay.com